L'enfant
mythique du Royaume Bambara de Ségou est né non loin de
ses racines originelles dans une bourgade à 30 km de Ségou
appelée "Cinzana-Gare" ou "Gara" en 1952.
Fils de Baba Diabaté, chef traditionnel des
"griots"
Diabaté de Ségou et Assitan Dembélé, génie
de la chanson Bamanan, Abdoulaye Diabaté a vécu dans le
giron du croisement de deux sommités du savoir et de la connaissance
de l'art du parler et du conter.
Abdoulaye chantera déjà à huit ans sur les places
publiques des villages de la bourgade en compagnie de sa mère.
A défaut d'avoir une soeur aînée ou cadette, Abdoulaye
sera commis à toutes les taches ménagères dévolues
à une femme. Ce qui affinera en lui des dons déjà
"innés" de savoir jouer sur les cordes sensibles des
mélomanes auxquels il s'adresse dans ses chansons. Il fît
des études coraniques concomitamment avec l'école française
jusqu'à l'âge de seize ans. Ce qui lui donnera la facilité
d'exceller dans la connaissance de l'histoire des hommes. Il décrochera
en 1972 un C.A.P. en comptabilité au C.F.P. de Bamako. Abdoulaye
va connaître à partir de 14 ans sa première initiation
au théâtre avec le mouvement pionnier qui lui fera découvrir
les dures réalités des planches en tant que chansonnier
compositeur et danseur. Porté par le petit succès des
rencontres artistiques et culturelles de quartiers et de villages vers
une certaine consécration, le jeune musicien commence à
découvrir en lui des talents qui ne se confirmeront qu'avec le
premier concert qu'il a donné un soir de 1975 avec le Koulé
Star de Koutiala après la défection du chanteur principal.
Ainsi commence pour Abdoulaye Diabaté le début d'une carrière
mouvementée, riche d'enseignements, d'apprentissage, de sacrifice
et de joie. Sa première participation à la semaine artistique
culturelle et sportive à Sikasso le fera découvrir par
des milliers de jeunes Sénoufos, Minyankas, Bobos, etc...
Le jeune chanteur a des potencialitées vocales exceptionelles.
Il chante indifféremment dans toutes les langues avec une aisance
qui frise la fatuité. Il devient la coqueluche du Kénédougou
sous la férule de Feu Mamadou Guitare, Aldjouma et autres. Poussé
par sa marraine et logeuse Mamou Diallo, cette femme qui lui a donné
l'asile un soir de 1972 sous un ciel chargé de nuages et d'électricité,
Abdoulaye peaufine ses chansons, se lance dans la fouille féconde
de la culture malienne. Il fait donc de la critique moralisatrice de
nos us et coutumes et du vécu quotidien son credo.
C'est
pourquoi il conseil plus qu'il ne chante. Il narre l'histoire, rappel
chaque fois à la conscience des auditeurs la vertu, le travail,
la tolérance, bref la morale sociale. Abdoulaye Diabaté
est un Griot
certes, mais plutôt un messager. D'année
en année l'artiste monte, monte au firmament de la gloire. Primé
entre 1978 et 1988 meilleur chanteur de toutes les semaines régionales
de Sikasso, il connaîtra la consécration nationale en 1986
et 1988 avec l'orchestre régional de Sikasso le Kéné
Star primé meilleur orchestre des deux dernières biennales
artistiques culturelles et sportives des jeunes du Mali avec des titres
tel que "Louanze". Fonctionnaire de son état, conciliant
difficilement sa fonction de comptable et sa carrière musicale,
Il décide en 1990 de prendre une disponibilité et d'enregistrer
son premier album. Paru en 1995, il annonce le début d'une nouvelle
ère musicale qui l'obligera à se démarquer du genre
traditionnel, qui comme une fatalité, colle à la quasi
totalité des artistes maliens. Efficacité et exportabilité
obligent!.
Abdoulaye
crée plus, il améliore les sonorités de sa musique
y ajoute des timbres nouveaux, concocte une chorégraphie fonctionnelle
qui fait souvent oublier qu'on est en face de l'art. Il conquiert le
public, le grand public, il est adulé par la presse nationale.
Le Look Abdoulaye est né. Il est désormais une image qui
ne peut plus passer inaperçue. Il est poursuivi par des meutes
de jeunes à tous les coins de rue. On lui chante le refrain de
ses chansons chou-chou. Le mythe Abdoulaye Diabaté se met petit
à petit en place.
Musiciens
de référence en Afrique de l'Ouest et grand collecteur de récits sur
l'histoire du Mali, cet ambianceur est aussi un
griot
respecté qui cherche à comprendre l'apport
de cette caste à l'aube de l 'an 2000. Avec la démocratie et la liberté
d'expression, comment le griot
peut il encore avoir un point de vue qui compte
dans la société malienne et dans le monde contemporain ?. |