25 mars 2005

QUAND MALI K7 ET SEYDONI FERMENT

Mercredi 16 mars 2005, Mali K7 et Seydoni-Mali ont pris la résolution de fermer leurs unités de duplication de cassettes. Motif invoqué par les promoteurs, cessation de payement. "Nous sommes victimes de concurrence déloyales et de la piraterie. Présentement une cassette est piratée seulement 24 heures après sa mise en vente. L'importation frauduleuse, l'existence de petites unités de duplications clandestines, la copie artisanale des œuvres musicales…etc. sont entre autre les causes", ont précisé les responsables de deux entreprises. C'était lors d'une déclaration faite à la presse et aux jeunes artistes venus leur manifester leur soutien.

De nombreux partenaires de la musique avaient massivement effectué le déplacement venus apporter leur soutien morale aux entreprises culturelles en proie à la piraterie. "Nous offrons plus d'une centaine d'emplois permanents et plus d'un millier de travail lié à la production musicale. Sans compter la soixantaine de salariés que nous avons à notre charge. Nous disons sans aucun risque de se tromper que nous avons une part active dans le rayonnement culturel de notre cher Mali" poursuivent-elles dans une déclaration commune rendue publique pour la circonstance.

On le savait depuis un certains temps, le phénomène de la piraterie avait pris une proportion inquiétante au Mali. Une situation qui a amené les entreprises culturelles a compressé une partie de leur personnel pour ne pas plier sous le coût des charges énormes de la production musicales et pouvoir honorer leur engagement vis-à-vis de l'administration des impôts, de la sécurité sociale et du Bureau malien du droit d'auteur.

Aujourd'hui ni Mali K7 SA ni Seydoni-Mali n'est en mesure de faire face aux charges courantes (frais d'électricité et de téléphone, bail, salaires du personnel, achat de matières premières, frais promotionnels…). Ce point de presse était donc la bienvenue dans la mesure où il a permis de véhiculer une large information sur la production culturelle et de sensibiliser les uns et les autres par rapport à la gangrène qui mine la production musicale.
La réaction des Artistes ne s'est pas fait attendre puisque dès le lendemain matin, ils se sont réunis au siège de Mali K7 SA pour dégager les stratégies de luttes contre la piraterie. Le premier acte s'est traduit par une marche de protestation sur le Boulevard du peuple. Ils étaient une soixantaine d'artistes à arpenter les rues de la capitale pour la débarrasser des cassettes, CD, DVD pirates. Une heure de temps a suffit pour récupérer quelques milliers de cassettes qui ont pris la direction du ministère de la Culture pour être détruites en présence du Secrétaire Général et du Chef de Cabinet du département.

Vendredi, 18 mars 2005, les représentants des Artistes ont été reçus par le ministre de la Culture. Cette rencontre a permis de faire le tour d'horizon de la situation. Toutes les questions essentielles ont abordées sans détours, même les multiples et abusives injections des agents de la Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence. Selon les responsables de ces entreprises, les agents de la DNACC ne font rien contre la concurrence déloyale dont ils victimes. Bien au contraire, ce sont les sociétés qui travaillent dans la légalité et la transparence qui sont harcelées. Elles sont victimes de toutes les tracasseries de la part de cette direction et des services des impôts. Cette situation ne saurait perdurer. L'Etat ne peut pas réclamer ses droits à ceux qui contribuent à l'épanouissement d'un secteur clef du développement comme la culture tout en créant les conditions propices à leur faillite. Il doit assumer son de voir de protection des citoyens et des entreprises installées sur son territoire.

Au niveau du ministère de la Culture, on assure que les choses vont bouger. Le ministre a évoqué la multiplication des opérations "coup de poing" pour mettre les pirates hors d'état de nuire. Ces opérations seront inopinées. Son département serait parvenu à un accord avec celui de la Sécurité intérieure pour mobiliser les agents qu'il faut à ce genre d'opérations. Mais, Mali K7 et Seydoni SA ne veulent plus se contenter de promesses ou de déclarations sans lendemain.

Elles veulent aujourd'hui des actions concrètes et pérennes permettant d'assainir définitivement le marché musical malien. Elles attendent donc des signes palpables de cet engagement du ministre pour décider de la suite à donner à leur mouvement de protestation. Il est évident que personne n'a intérêt à ce que cette situation perdure. Parce que les conséquences sociales de la fermeture de Mali K7 et de Seydoni seront dramatiques pour leurs employés. Et l'impact économique et culturel d'une telle décision, si on en arrivait là, sera inestimable pour le Mali. Alors que chacun s'assume et fasse face à ses responsabilités ! La musique malienne, les industries musicales, les artistes… seront alors très bien protégés.