Afel Bocoum  
 

Le messager du Grand Fleuve

Le Niger est l’un des fleuves les plus grand d’Afrique, s’étendant en une grande courbe de 2.500 miles d’est en ouest de la Guinée au Mali avant de tourner vers le sud au "grand tournant" pour continuer vers le Niger et le Nigéria. C’est sur les bords de ce "grand tournant" au Mali qu’un vaste réseau d’anciennes cités et empires ont régné sur l’Afrique de l’ouest et où, aujourd’hui, une population mixte composée d’agriculteur, de pêcheur et de bergers nomade, puise ses ressources dans le fleuve afin de survivre dans le dur climat du désert.

Sur les bords du fleuve se trouve le petit village du désert du nom de Niafunké, demeure des deux musiciens légendaire Ali Farka Touré et son protégé, Afel Bocoum qui est en train de devenir rapidement l’une des voix les plus puissante de la région.
Avec son groupe Alkibar qui veut dire "Messager du Grand Fleuve" en sonrhaï, Bocoum utilise le fleuve comme guide et source d’inspiration, créant un son imprégné de tradition qui capture la voix des gens et leur relation avec la terre.

Bocoum a travaillé avec Ali Farka Touré et son groupe ASCO pendant plus de trente ans, depuis l’âge de 13 ans. Pendant ce temps passé auprès dans le groupe, il a apporté une contribution fondamentale au son qui a aidé à faire connaître le village de Niafunké, et sa musique dans les maisons du monde entier.
Les chants obsédant et la guitare acoustique de Bocoum ont été un compliment naturel à la guitare électrique palpitante et la voix guttural de son "Tonton" et mentor Touré. Ces collaborations avec Touré sont très remarquablement exposées sur l’album "The Source" avec les chansons comme “Inshana Macina” et “Dofana", ainsi que pendant les tournées européennes et nord américaines qui ont permit à Bocoum de sortir de l’ombre de son mentor et d’être à son tour seul sous les projecteurs. La transition s’est consolidée avec l’enregistrement du premier album de Bocoum : "Alkibar". L’enregistrement a eu lieu dans un centre agricole en périphérie de Niafunké en 1997, à la suite, les spectacles européens de 2001 ont révélé qu’Afel Bocoum est un artiste complet.

En 1978, Afel Bocoum finit ses études dans une école gouvernementale d’agriculture et commence à travailler dans le cadre du développement agricole. Cela lui a donné l’opportunité de voyager dans la région et de voir les premiers pas du développement au Mali, un pays ayant un long passé marqué par la famine, la pauvreté et la guerre qui a éprouvé l’endurance de sa population. Tout au long de son histoire, l’importance de la diversité culturelle dans le développement du pays a toujours été mise en évidence et la musique s’est avérée être une instrument très puissant et motivant de l’intégration et de communication entre les différents groupes ethnique, aidant ainsi à la création d’une identité nationale.

Bocoum place la question de la diversité au centre de son travail, chante dans un mélange de langage ethnique, de rythmes et de mélodies de la région. Cela lui vient naturellement étant donné qu’il est issu d’un métissage ethnique, son père est sonrhaï et sa mère est peulh. Il est né à Niafunké et à grandi en parlant les deux langues ; mais ce n’est que lorsqu’il a commencé à écrire de la musique qu’il a cherché à améliorer ses connaissances en Tamaschek, la langue des Touaregs, ainsi qu’en bambara. Il explique que, "parfois, on trouve que telle idée est tout simplement mieux exprimée en telle ou telle langue, et chacun doit aussi se rappeler que le mot lui seul est une musique. Quand je peux parler à certaines personnes avec des mélodies, avec certains avec le langage et avec d’autre avec le rythme, je peux atteindre beaucoup plus de personnes en les inter changeants pour faire différentes combinaisons et véhiculer différents messages".

Plus il se plonge dans la musique, plus Bocoum réalise que ses compétences pourraient être utilisées pour agrandir l’effet de son travail avec les communautés en tant que jeune mentor et directeur musical engagé dans les activités communautaires. "Dans la campagne malienne, on ne va pas au cinéma et on ne lit pas les journaux, mais nous écoutons tous la musique. La musique est le meilleur moyen de faire passé l’information. Donc je ressens un très fort besoin de dire la vérité quand je chante parce que je sais que les gens vont en tenir compte" remarque Bocoum.

En tant que musicien confirmé et respecté membre de la communauté, il lutte pour combiner des commentaires philosophique sur la société d’aujourd’hui à une participation active aux activités communautaire comme la "Flamme de la Paix", cérémonie commémorative de la destruction d’armes à feu par le feu marquant la fin de la rébellion touareg en 1996.
En prenant part à de tels évènements, Bocoum espère influencer les autre et les pousser à prendre leur destin en mains. "L’Afrique a passé trop de temps à compter sur les autres pour résoudre ses problèmes. Il est tant qu’on s’entre écoute et qu’on trouve des solutions". Il fait ceci de façon éloquente dans le style "désert blues" d'Ali Farka Touré, mais véhicule une version complètement déshabillée pour révéler les racines de la musique. Plus fermement recentrer sur les sons acoustiques et traditionnels des environs, il utilise une njarka (violon à une corde), une njurkel (guitare à deux cordes) et une calebasse avec sa guitare acoustique et des chants impressionnants ; cela donne des mélodies fluides de rythmes circulaires donnant une image du flux et du reflux de la force du fleuve et du désert les entourant. Une ambiance introspective est créée, enveloppée dans les commentaires sociaux en l’encontre de la cupidité et des mariages arrangés tout en encourageant le respect des aînés. Bocoum commente : "quand un vieil homme meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Les gens commencent à oublier et sont devenus paresseux- si nous n’en prenons pas conscience aujourd’hui, demain sera gâché".

En 2002, Afel collabore avec le leader de Blur, Damon Albarn pour le très populaire album "Mali Music". Les dates qui ont survis ont été très bien accueilli, surtout le concert qui à eu lieu à Londres au Barbican en juin 2003. Damon a aussi fait une apparition en tant qu’invité au côté d’Afel sur la plus grande scène de Roskilde au Danemark devant 65.000 personnes.

Malgré son succès grandissant, Bocoum reste humble et garde une douce nature qui dirige modestement l’énergie de la reconnaissance vers l’importance du bien-être de son peuple et l’inspiration qu’il apporte à sa music.

Dans les mélodies dansantes du fleuve et le rythme palpitant du rude vent du désert, il n’y a aucun doute que l’héritage d’Ali Farka Touré est dans de bonnes mains.
Avec une finesse remarquable et un talent sur, Afel Bocoum a prouvé qu’il était une vrai "Messager du Grand Fleuve", et il est sur qu’il va emmener la musique malienne vers une autre ère.

MAJ 12/01/2004