HOMMAGE
A HAWA DRAME
L'élégante reine de l'authenticité
Grande
diva de la musique malienne, Hawa Dramé a été
une emblématique cantatrice initiée à la musique
dès son jeune age par sa mère Doussou Koné.
Son succès n'était guère surprenant car elle était
l'héritière d'une légendaire lignée de griots
qui ont été la voix et la mémoire des familles
royales des Bambaras.
Ayant contracté le virus de la musique par le lait
maternel dès sa tendre enfance, Hawa Dramé donne sa première
prestation à l’âge de six ans. C’est au cours
de l'invitation d’un groupe de jeunes Bozos qu'elle a merveilleusement
interprété une célèbre chanson de sa mère.
Un chant dédié à un Peul charismatique de Sanga
: Yorodian. Ce coup d'essai a été un véritable
coup du destin parce que la jeune fille a émerveillé l'assistance.
Il n'en fallu pas plus pour faire d'elle la coqueluche de la contrée.
Par la suite, Hawa Dramé a intégré la troupe théâtrale
de la région de Ségou. Le Super
Biton de la cité des Balanzans lui a d'ailleurs
emprunté des morceaux célèbres comme "Lèfènin".
C'est dire que son talent lui avait permis de rapidement s'intégrer
dans la troupe.
Ce qui fait qu’en 1968, après le coup d’Etat militaire,
Souraka Djéli intégra l’Ensemble
instrumental national du Mali. Là, elle composa
deux morceaux fabuleux qui sont rester des chefs-d’œuvre
de l’emblématique formation musicale : l’épopée
de Da Monzon et Zazourou. Mais des rivalités stériles
l’ont contrainte à abandonner l’Ensemble après
trois ans de présence remarquable.
La sublime enfant de Niono s’était déjà fait
un nom pour se lancer dans une carrière solo. Sa célébrité
lui a permis de sillonner le monde entier. Elle a fait salle comble
dans des villes comme Abidjan, Accra, Ouagadougou, Yaoundé, Brazzaville,
Paris, Rome, Vienne, Berlin, etc.
Souraka Djéli était sollicitée partout où
se trouvait une forte colonie malienne voire africaine. A Paris, elle
a chanté avec les «Ballets Africains» qu’elle
a accompagné dans des tournées européennes. D'autres
célèbres chansons comme "M'baoudi",
"Poï", "Ségoutigiton","Digile"
compléteront le riche répertoire de sa très brillante
carrière.
Pendant près de 30 ans Hawa Dramé n'a mené qu'un
seul combat : la sauvegarde de l’authenticité du rythme
bamanan. Elle apparaît ainsi comme l’un des derniers bastions
de la musique traditionnelle. "Le rythme bamanan est pour quelque
chose dans les origines du jazz tant, il est posé",
disait-elle lors d'une de ses dernières apparitions à
la télé en juin 1996 à l’émission
«Top Etoiles». Une profession de foi qui en dit long sur
la fierté qu'elle tire de son authenticité.
La particularité de Souraka Djéli est qu'elle ne s’intéressait
pas à un seul rythme. On rencontrait dans ses chansons le «bamanan
juru» et le «bajuru». Un
bajuru différent de celui de la région de Kayes. Mais
elle s’est surtout distinguée par l’originalité
de ses compositions devenues des classiques telles que «Mbaoudi»
«Nyongomary» et toute la série de l’épopée
bambara. Et l’on retiendra toujours de l’humble griotte
l’image d’une cantatrice originale et modeste. Une simplicité
déconcertante qui en a subjugué plus d’un.
"Autant sa musique est restée à l’état
pur autant Hawa est demeurée naturelle. Ni la fortune ni la notoriété
n’ont pu la transfigurer", témoigne l'un de ses
nombreux admirateurs. Sans maquillages ni boucles d’oreilles ostentatoires,
une tenue décente… Ainsi se présentait la diva sur
scène. Ces différentes qualités et sa voix suave
lui ont permis de conquérir le cœur de milliers de fans.
Pourtant, contrairement à d'autres cantatrices, l'élégante
Souraka Djéli reconnaissait volontiers que la musique lui avait
apporté beaucoup de choses. Elle lui avait procuré des
maisons et lots à usage d’habitation à Bamako et
Ségou, de l’or, de l’argent, des voitures, des centaines
de vaches, etc. Mère de sept enfants, Souraka Djéli a
été foudroyée par la mort le 21 juillet 1996 des
suites d’une crise cardiaque.
C'est donc une immense fortune qu'elle a laissé à ses
héritiers dont "Fanta Suruku" qui a suivi
ses traces sur la scène musicale. Mais, il ne lui sera pas certainement
facile d'égaler le talent et la beauté vocale de sa mère.
En tout cas Hawa Dramé a merveilleusement joué sa partition
(sociale et musicale) avant de s'éclipser de la scène.
La Rédaction
Légende d'une fantastique lignée
Son ancêtre paternel, du nom de Nogo Tomo Dramé,
était un "Souraka Djéli" originaire
de Nioro. Il est venu s'installer dans le Fala, à Ntogolo près
de Kolongo ou la chefferie du village était tenue par les Samaké.
Nogo Tomo et sa descendance se sont mis au service de ces nobles Samaké
en devenant leurs griots. Toutefois, leurs «Jatigi»
(hôtes) sont les forgerons Ballo à qui Hawa Dramé
a d'ailleurs rendu hommage dans la célèbre chanson "Numu
foli". Son père, Tiéna Dramé, fut ouvrier
mécanique à l’Office du Niger et sa mère,
Doussou Koné, griotte de la lignée des Diarra de
Ségou (descendant de Da Monzon).
Consécrations
*En 1980, Hawa Drame a décroché le prix du meilleur artiste
du Mali
*En 1990 le prix du meilleur artiste lui a été décerné
par les Nations Unies. Une distinction qui lui a permis de participer,
en tant qu’observatrice, à la conférence de Diepa
organisée à New Delhi (Inde) entre le 10 et le 14 septembre
1990 sur la protection de l’environnement (conference for global
consultation in Safe Water an Sanitation for the 1900’s). A noter
qu’elle était la seule artiste choisie dans ce cadre.
*En 1996 elle obtient la Médaille de l’ordre du mérite
national. |