Tribune / Presse
Article paru dans
N° 479 - 15/03/2005

VICTIMES DE LA PIRATERIE

Mali K7 et Seydoni fermées


Mali K7 et seydoni vont mettre leurs employés en chômage technique dès demain. Voilà la cruelle révélation qu’une source proche des deux sociétés nous a faite hier. Eprouvées par la piraterie, les deux sociétés ont décidé d’arrêter momentanément leurs activités de production et de duplication jusqu’à ce que des mesures énergiques soient prises par le gouvernement contre le fléau.

Au niveau des deux directions, c’est le silence total. Personne n’a voulu commenter cette décision prise de commun accord entre les deux directions. Seulement du côté de Mali K7, nous avons appris qu’une conférence de presse sera organisée demain. Elle sera animée par les responsables de Seydoni et de Mali K7 dans la cours du studio Bogolan (face à Mali K7 à quinzambougou).

La semaine dernière seulement, les responsables de Mali K7 nous disaient qu’ils étaient en situation de cessation de payement de fait. « Les recettes ne parviennent plus à faire face aux dépenses de fonctionnement à plus forte raison de payer les employés. Nous courons à la faillite si rien n’est fait de façon vigoureuse contre la piraterie ».

Un fléau dont les victimes sont nombreuses. A commencer par les artistes. Ainsi, dans une interview publiée hier dans le quotidien Les Echos, le jeune talent Djénéba Diakité dite Djéni, rappelait que, au Mali, « l’artiste ne peut pas vivre de ses œuvres ». Elle a ajouté, « au Mali, quand on sort un album à succès, on partage les recettes avec les pirates. Je vois régulièrement mes cassettes piratées au marché. Mais, je ne peux rien faire… Nous comptons beaucoup sur les mélomanes pour nous aider à vaincre la piraterie. Il faut qu’ils sachent que la seule manière d’aider un artiste c’est de payer sa cassette légale ».

Il faut aussi rappeler que le fléau coûte une vingtaine de milliards au Trésor public par an. Malgré la volonté personnelle du ministre de la culture de protéger les artistes et leurs œuvres, l’ampleur de la piraterie va crescendo. Selon certaines estimations, 95 % des produits musicaux vendus au Mali sont piratés. Aujourd’hui, Seydoni et Mali K7 ont décidé de prendre, ensemble le taureau par les cornes afin de pousser le gouvernement à agir contre ce vol organisé. Un crime qui condamne les artistes à la misère et les industries à la faillite.