Tribune / Presse
Article paru dans
N° 11 - 18/03/2005

VICTIME DE LA CONCURRENCE DELOYALE ET DE LA PIRATERIE

MALI K7 ET SEYDONI MALI FONT FAILLITE

Fousseyni J.W. Traoré et Philippe Berthier respectivement directeur de Seydoni Mali et de Mali K7 ont invité la presse nationale et internationale, mercredi 16 mars 2005, au siège de Mali K7, à Quinzambougou. Beaucoup d’artistes comme Mariétou Diabaté, Idrissa Soumaoro, Amkoullel, Mamou Sidibé et des producteurs étaient présents à cette séance d’explication annonçant aux journalistes la fermeture des deux structures de duplication d’œuvres musicales au Mali. Victimes de la concurrence déloyale et de la piraterie, elles ont protesté de manière la plus officielle contre le silence coupable des autorités politiques et administratives.

Fousseyni Traoré et Philippe Berthier estiment que la contrefaçon des œuvres intellectuelles ou la piraterie a atteint un seuil que le Mali n’a jamais connu avant l’implantation d’unités de production et de duplication musicales. Selon eux, une cassette produite aujourd’hui se retrouve 24 heures après en quantités industrielles dans les maisons pirates. Les causes portent sur l’existence de petites unités clandestines et la copie artisanale des œuvres.

Seydoni Mali et Mali K7 ont beaucoup investi (environ plus de 600 millions de fcfa) pour la mise en route de leurs structures qui répondent à toutes les normes internationales. Ces sociétés offrent une soixantaine d’emplois permanents. Avec leur fermeture, ces responsables de famille vont gonfler le rang des chômeurs. Et, on ne sait même pas où les artistes maliens vont se produire.

« L’ampleur de la situation ne nous permet plus de supporter nos charges courantes à fortiori honorer nos engagements vis-à-vis des impôts, de l’inps, et du Bmda. La situation est certes chaotique, mais des solutions énergiques et urgentes demeurent : une volonté politique manifeste, le changement de statut du Bureau malien du droit d’auteur (Bmda), la mise à disposition des forces de sécurité pour traquer les contrevenants et des opérations de saisie continue des phonogrammes », propose le directeur général de Seydoni Mali.

Un regard sur les dépenses pour une production musicale permet de se rendre compte que les maisons de production et de duplication ont du pain sur la planche. Tenez-vous bien ! Pour faire une cassette, il faut d’abord payer le cachet de l’artiste qui varie entre 500.000 fcfa et 3.000.000. Le studio d’enregistrement réclame entre 150.000 fcfa et 250.000 fcfa par jour. Les frais d’arrangement oscillent entre 50.000 et 250.000 fcfa par titre et par album. Quant au cachet des musiciens, il est entre 7.500 et 15.000 fcfa par musicien et par morceau. Pou la réalisation de la vidéo, il faut casquer entre 350.000 à 2.000.000 fcfa.

En tout cas, Seydoni Mali et Mali K7 sont décidés aujourd’hui à aller jusqu’au bout afin de trouver des solutions idoines pour sortir de l’impasse. Et pourtant, le ministre de la Culture, Cheick Oumar Sissoko avait décidé un moment de lutter personnellement pour éradiquer ce fléau. Il est même aller jusqu’à dire que « si rien n’est fait, il va démissionner de son poste de ministre ». On peut dire aujourd’hui que Cheick Oumar a échoué dans sa mission. Alors qu’il rende dignement son tablier.

Alou Badra Haïdara