PIRATAGE
: MALI K7 ET SEYDONI MALI AU FOND DU GOUFFRE
Les
artistes rentrent au marché pour récupérer les cassettes
piratées
Les artistes maliens sont désormais décidés à
lutter eux-mêmes contre la piraterie de leurs œuvres. C’est
pourquoi, ils n’ont pas tardé à manifester leur mécontentement
au cours d’une marche le jeudi 17 mars. Cette marche s’est
terminée par la saisie de plusieurs cassettes pirates au grand
marché. Ils ont chargé une sotrama avec ces cassettes avant
de les déposer dans la cour du ministère de la Culture.
Parmi les marcheurs, il y avait, entre autres, les jeunes rappeurs Amkoullel,
Kira Kono, les artistes Mamou Sidibé, Mariétou Diabaté
pour ne citer que ceux-ci. Ce qui a poussé les artistes à
faire cette marche « c’est tout simplement la colère,
l’évènement. C’est par rapport à l’inaction
des autorités étant donné qu’il y a des cassettes
pirates partout dans le marché. C’est une situation intolérable,
inacceptable. C’est pourquoi, nous sommes descendus sur le marché
pour voir à notre échelle ce que nous pouvons faire ».
Après cette marche, les artistes ont été reçus
en audience par le ministre de la Culture, Cheick Oumar Sissoko le vendredi
18 mars.
Cette audience s’est très bien déroulée et
Cheick Oumar a suggéré de les rencontrer tous les trois
mois afin de continuer la lutte contre ce fléau.
A
cause de la piraterie, la vente de « Sumu » de Mah Kouyaté
n°2 diminue de 90%
La cantatrice Mah Kouyaté n°2 plus connue sous le sobriquet
de « Fimani ka Mah » - le nom de son mari – est l’une
des artistes la plus confrontée au phénomène de la
piraterie. En effet, ses deux albums « Sumu » produits avec
Samassa Records ont été vendus à plus de 150 000
exemplaires au cours de l’année 2003. La vente de ces mêmes
cassettes n’a pas atteint cette année 15 000 exemplaires.
Idrissa
Soumaoro : « L’Etat doit prendre ses responsabilités
»
« Le problème de la piraterie nous dépasse. Autrefois,
on pouvait produire une cassette avant d’être piraté
trois à cinq mois après. Aujourd’hui, il suffit de
quelques jours seulement pour voir sa cassette sur le marché entre
les mains des pirates. Je crois qu’il est temps que le gouvernement
prenne ses responsabilités. Sincèrement, ça ne va
plus. Et ceux qui ne vivent que deça, vont bientôt mourir.
Nous demandons au gouvernement de prendre une décision ferme afin
de déguerpir les gens qui vendent les cassettes pirates ».
Alassane
Soumano : « Il faut que l’Etat s’implique dans cette
affaire »
« Il y a quelque chose qui me gêne aujourd’hui. Chaque
fois qu’un artiste tombe malade, on monte à Koulouba pour
le soigner. Nous payons 35 % de taxes à l’Etat. Où
vont CES 35 ù ; Qu4est-ce qu’on fait avec cet argent. Je
trouve que c’est pitoyable. Il faudrait que le président
de la République sache qu’il n’est pas normal que tout
le temps les musiciens et le ministre de la Culture montent au créneau
pour demander son aide. Il faut que nous vivons la plus riche. Je sais
que beaucoup de pays de la sous-région sont arrivés à
lutter contre la piraterie. Je ne sais pourquoi notre pays n’arrive
pas à trouver le remède contre ce fléau. La piraterie
est en train de tuer la musique malienne. Le rôle de Bureau malien
du droit d’auteur est de mener la guerre à la piraterie.
C’est le ministre du Commerce qui est censé guérir
le mal. Il faut que l’Etat s’implique dans cette affaire ».
Amkoullel
: « Il faut cesser d’acheter les cassettes pirates »
« Moi je crois que la musique malienne est très respectée
à l’étranger. Et tout le monde connaît aujourd’hui
cette musique. Et lorsqu’on voit comment cette musique est traitée
au Mali, ça fait pitié. Il y a des lois qui condamnent la
piraterie comme étant un crime. Aucune action concrète n’a
été faite. Nous lançons un appel pressant aux autorités
pour qu’elles fassent le nécessaire. Si elles ne font pas
le nécessaire, ce sera aux artistes de le faire. Il faut que la
population évite d’acheter les cassettes pirates parce que
tant qu’il y aura des acheteurs, il y aura des vendeurs ».
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