Tribune / Presse
Article paru dans
N° 12 - 25/03/2005

PIRATAGE : MALI K7 ET SEYDONI MALI AU FOND DU GOUFFRE
Les artistes rentrent au marché pour récupérer les cassettes piratées

Les artistes maliens sont désormais décidés à lutter eux-mêmes contre la piraterie de leurs œuvres. C’est pourquoi, ils n’ont pas tardé à manifester leur mécontentement au cours d’une marche le jeudi 17 mars. Cette marche s’est terminée par la saisie de plusieurs cassettes pirates au grand marché. Ils ont chargé une sotrama avec ces cassettes avant de les déposer dans la cour du ministère de la Culture.
Parmi les marcheurs, il y avait, entre autres, les jeunes rappeurs Amkoullel, Kira Kono, les artistes Mamou Sidibé, Mariétou Diabaté pour ne citer que ceux-ci. Ce qui a poussé les artistes à faire cette marche « c’est tout simplement la colère, l’évènement. C’est par rapport à l’inaction des autorités étant donné qu’il y a des cassettes pirates partout dans le marché. C’est une situation intolérable, inacceptable. C’est pourquoi, nous sommes descendus sur le marché pour voir à notre échelle ce que nous pouvons faire ».
Après cette marche, les artistes ont été reçus en audience par le ministre de la Culture, Cheick Oumar Sissoko le vendredi 18 mars.
Cette audience s’est très bien déroulée et Cheick Oumar a suggéré de les rencontrer tous les trois mois afin de continuer la lutte contre ce fléau.

A cause de la piraterie, la vente de « Sumu » de Mah Kouyaté n°2 diminue de 90%
La cantatrice Mah Kouyaté n°2 plus connue sous le sobriquet de « Fimani ka Mah » - le nom de son mari – est l’une des artistes la plus confrontée au phénomène de la piraterie. En effet, ses deux albums « Sumu » produits avec Samassa Records ont été vendus à plus de 150 000 exemplaires au cours de l’année 2003. La vente de ces mêmes cassettes n’a pas atteint cette année 15 000 exemplaires.

Idrissa Soumaoro : « L’Etat doit prendre ses responsabilités »
« Le problème de la piraterie nous dépasse. Autrefois, on pouvait produire une cassette avant d’être piraté trois à cinq mois après. Aujourd’hui, il suffit de quelques jours seulement pour voir sa cassette sur le marché entre les mains des pirates. Je crois qu’il est temps que le gouvernement prenne ses responsabilités. Sincèrement, ça ne va plus. Et ceux qui ne vivent que deça, vont bientôt mourir. Nous demandons au gouvernement de prendre une décision ferme afin de déguerpir les gens qui vendent les cassettes pirates ».

Alassane Soumano : « Il faut que l’Etat s’implique dans cette affaire »
« Il y a quelque chose qui me gêne aujourd’hui. Chaque fois qu’un artiste tombe malade, on monte à Koulouba pour le soigner. Nous payons 35 % de taxes à l’Etat. Où vont CES 35 ù ; Qu4est-ce qu’on fait avec cet argent. Je trouve que c’est pitoyable. Il faudrait que le président de la République sache qu’il n’est pas normal que tout le temps les musiciens et le ministre de la Culture montent au créneau pour demander son aide. Il faut que nous vivons la plus riche. Je sais que beaucoup de pays de la sous-région sont arrivés à lutter contre la piraterie. Je ne sais pourquoi notre pays n’arrive pas à trouver le remède contre ce fléau. La piraterie est en train de tuer la musique malienne. Le rôle de Bureau malien du droit d’auteur est de mener la guerre à la piraterie. C’est le ministre du Commerce qui est censé guérir le mal. Il faut que l’Etat s’implique dans cette affaire ».

Amkoullel : « Il faut cesser d’acheter les cassettes pirates »
« Moi je crois que la musique malienne est très respectée à l’étranger. Et tout le monde connaît aujourd’hui cette musique. Et lorsqu’on voit comment cette musique est traitée au Mali, ça fait pitié. Il y a des lois qui condamnent la piraterie comme étant un crime. Aucune action concrète n’a été faite. Nous lançons un appel pressant aux autorités pour qu’elles fassent le nécessaire. Si elles ne font pas le nécessaire, ce sera aux artistes de le faire. Il faut que la population évite d’acheter les cassettes pirates parce que tant qu’il y aura des acheteurs, il y aura des vendeurs ».