SEYDONI
ET MALI K7 JETTENT L’EPONGE
Piraterie
des œuvres musicales.
Depuis quelques années, les artistes maliens se plaignent de la
piraterie de leurs œuvres musicales. Pour protester de manière
officielle contre le silence des autorités politico-administratives,
Seydoni Mali Sa et Mali K7 Sa, deux entreprises de production et de duplication,
ont décidé de fermer leurs portes.
Le mercredi 16 mars 2005, Mali K7 Sa et Seydoni Mali Sa ont cessé
de travailler. « Fermée, victime de concurrence déloyale
et piraterie », est le message bien perceptible que les entreprises
de duplication de la place ont affiché dans les locaux pour informer
leurs clients ou éventuels visiteurs.
Seydoni
Mali et Mali K7 ont animé le mercredi 16 mars une conférence
de presse conjointe pour expliquer leur décision.
Philippe
Berthier, Directeur de Mali K7 très remonté contre les autorités
du pays n’est pas passé par quatre chemins pour dénoncer
leurs attitudes.
Ils
reprochent aux autorités leur timidité dans la lutte contre
la piraterie des œuvres musicales.
Selon
lui, la piraterie tue les artistes et les entreprises de production et
de duplication. « Il y a tellement de cassettes piratées
sur le marché que nous sommes obligés de travailler, seulement,
3 à 4 jours par mois. Ce n’est pas évident en travaillant
4 jours par mois qu’on puisse assurer les salaires. On ne peut pas
payer le courant, le téléphone3, a-t-il déclaré.
Pour
cela, il a estimé que la fermeture de l’entreprise est la
meilleure voix indiquée.
De
son côté, Fousseyni Traoré, Directeur de Seydoni Mali
a rappelé que seulement 2 % des cassettes vendues dans les rues
au Mali sont légales. « Tout le reste est de la contrefaçon
qui inonde le marché sans gêne », a-t-il indiqué.
Il
a ensuite estimé qu’il est temps que les autorités
s’impliquent aux côtés des artistes pour endiguer ce
fléau qui tue la culture malienne.
Idrissa
Soumaoro, premier prix RFI Musique du monde 2004, a mis en exergue le
gravité du phénomène. Selon lui, une nouvelle œuvre
musicale est piratée au Mali deux jours après sa mise sur
le marché. « Nous demandons au gouvernement de prendre ses
responsabilités », a-t-il martelé.
Si les responsables d’entreprises et les artistes d’un certain
âge se sont exprimés avec beaucoup de diplomatie, les jeunes
artistes ont vigoureusement dénoncé la piraterie.
Amkoullel
l’enfant peul a demandé à l’Etat de prendre
ses responsabilités avant que l’irréparable ne se
produise. Selon lui, les artistes ne vont plus se laisser faire et vont
se rendre justice. « Nous allons prendre nos responsabilités
en moralisant le marché de la vente des cassettes ».
L’arrangeur
Alassane Soumano a posé le problème sous l’angle de
la sécurité sociale des artistes musiciens. Il est révolté
des multiples interventions du président de la République
chaque fois qu’un artiste est malade. Selon lui, cela devait attirer
l’attention des autorités qu’il y a un dysfonctionnement
quelque part.
Mr
Soumano estime que la musique malienne est très riche. Cependant,
il n’arrive pas à s’expliquer la pauvreté des
artistes musiciens au Mali.
Pour
cette raison, il veut savoir l’utilisation que l’Etat fait
des 35 % prélevés sur les droits d’auteurs.
Alassane
Soumano a invité les autorités maliennes à s’impliquer
sincèrement dans la lutte contre la piraterie pour la suivie des
artistes maliens. Selon lui, si les choses sont faites dans les normes,
il n’y a pas de raison qu’un artiste ne vive pas de son travail.
De
son côté, Mamou Sidibé, la virtuose du Ganadougou,
a raconté une de ses mésaventures avec les jeunes revendeurs
de cassettes piratées. Selon elle, ces jeunes ont poussé
l’outrecuidance à venir lui proposer une cassette piratée
de son œuvre sortie en 1999. « Ce jour là, n’eut
été l’intervention des policiers, ils ont voulu me
battre parce que j’ai refusé d’acheter ma propre cassette
piratée », dira-t-elle.
Malick
Konaté de Mali K7 a indiqué que la décision de fermeture
de leur entreprise marque leur refus de retourner en arrière de
25 ans. « Nous refusons qu’on nous oblige à aller en
Côte d’Ivoire, au Nigeria ou en France pour faire une cassette.
Pour cela nous fermons pour prendre le peuple en témoin »,
a-t-il conclu.
Assane
Koné
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