Tribune / Presse
Article paru dans
N° 760 - 21/03/2005

GOUVERNEMENT: LE MINISTRE CHEICK OUMAR SISSOKO VA-T-IL ENFIN RENDRE LE TABLIER ?

Les signes annonciateurs de la démission de Cheick Oumar Sissoko, ministre de la Culture, se font déjà sentir. Sera-t-il courageux cette fois-ci ?

En tout cas, le ministre malien de la Culture, Cheick Oumar Sissoko, en se prononçant sur la piraterie courant 2004, avait promis de démissionner si rien n’était fait dans cette affaire avant mi-novembre de la même année.

Aujourd’hui, l’histoire semble rattraper le ministre SADI. En milieu bamana, on reconnaît bien cet adage comme étant une vérité générale : « L’homme n’a pas de queue, il n’a pas de crinière, le point de prise de l’homme est la parole de sa bouche ». L’actuel ministre de la culture est pris aux mots par les artistes et producteurs, victimes expiatoires de la piraterie et de la concurrence déloyale. Déjà, Seydoni Mali et Mali k7 ont fermé boutique pour dit-on piraterie et concurrence déloyale.

L’information a été donnée au siège de Mali K7 à quinzambougou, lors d’un point de presse animée par les responsables des deux structures, tout en attirant l’attention des autorités et l’ensemble des consommateurs maliens sur leur douloureuse situation. D’autres groupes de production et non des moindres sont sur la ligne rouge. En tout cas, ces derniers temps, la piraterie a gagné en puissance dans notre pays.

Une chose est de promettre quelque chose une autre est de l’exécuter. Le ministre CHEICK Oumar Sissoko aura-t-il le courage de jeter l’éponge cette fois-ci ? Ce n’est nullement pas chose facile surtout quand on goûte aux délices du pouvoir. Dans tous les cas, nous sommes dans une société où la parole revêt d’une importance capitale. La sagesse d’un homme se reconnaît à travers le respect de sa parole donnée.

Sans mot dire, artistes et producteurs interpellent le ministre de la Culture sur le danger qu’ils courent tous les jours. Le gouvernement, par son laxisme dans la lutte contre la piraterie, l’a laissée grimper sur la tête des artistes et producteurs. Le ministre se sauvera-t-il de cet étau ?

Attendons de voir.

Boubacar KANTE

DANS LES COULISSES DU POUVOIR - Rubrique du lundi – Par Mamadou DABO

Quand Cheick Oumar Sissoko fait honte à son monde, celui des artistes

Grand cinéaste et intellectuel confirmé, Cheick Oumar Sissoko non moins ministre de la Communication a lamentablement échoué dans son plan d’action de lutte contre la piraterie. Et nous l’interpellons pour des raisons toutes simples.

Cheick Oumar nous intéresse à travers son parcours défi à relever. C’est tout comme le Ministre de la Communication, journaliste de son état. Et le Dr Choguel Maïga, héritier du régime défunt et farouche opposant au pouvoir de Alpha, qui se trouve aujourd’hui au gouvernement. La liste n’est pas exhaustive.

Au Mali, Cheick Oumar n’est pas seulement le grand cinéaste et l’intellectuel, il est et surtout un porte drapeau du mouvement démocratique. Hier au devant de la lutte contre la dictature à travers ses activités cinématographiques en particulier, ChEICK Oumar est également un promoteur de radio comme quoi, c’est l’homme rompu dans la défense des libertés et des droits dont la liberté d’expression et la protection des droits d’auteurs. Sa nomination à la tête du ministère de la Culture a donc fait nourrir beaucoup d’espoir. Et il a assaisonné cet espoir en prenant l’engagement solennel de conjurer la piraterie. Mais aujourd’hui, c’est la piraterie qui prend le dessus sur Cheick Oumar.

En vérité, le temps des actions d’éclat est révolu. Brûler les cassettes piratées n’a jamais été la solution à ce problème. Car les grands maîtres de la piraterie sont des milliardaires qui ne lésinent pas sur les moyens s’il s’agit de recruter des revendeurs ou de relancer leurs représentants victimes de dégâts. De son côté, le public malien, pauvre parmi les pauvres et donc difficile à être convaincu de solidarité envers les artistes considérés comme des nantis, ne se fera généralement pas prier pour acheter les produits moins coûteux. Beaucoup disent d’ailleurs que le son d’une cassette piratée est meilleur à celui des cassettes d’origine. Toutes choses que le ministre devait intégrer dans sa politique de lutte contre la piraterie. Et taper sur les criminels tout en faisant savoir aux artistes que mieux vaut vendre cher mais en quantité, que de vendre cher et alors peu. Mais hélas ! Depuis qu’il est ministre, Cheick Oumar est dans le registre de ses devanciers : brûler les cassettes pour les besoins de la publicité autour du ministre. Entre temps, les artistes se meurent. Les criminels ne connaissent point le chemin des geôles. Or tout au moins, la détention est une mesure assez dissuasive, en sus du paiement des dommages et intérêts. Et dire que tout le monde gagnerait à mettre sur le marché des produits moins coûteux. Le ministre Cheick Oumar devait réussir sur ce terrain pas du tout compliqué.