Balla Tounkara "Griot"
 

Balla Tounkara "Be Right"

La musique de Balla représente le meilleur de la tradition et de l'innovation - une harmonie fluide du vieux et du nouveau monde.

Natif du Mali, Afrique de l'ouest, et ayant l'expérience de la musique traditionnelle africaine, il apporte une oreille incroyable sur la structure et les nuances rythmiques des styles contemporains, du rock, du reggae du hip hop du gospel et jusqu'au blues.
Véritable virtuose de la Kora, il peut faire émettre à son instrument les trilles d'oiseau mouche, des mélodies traditionnelles africaines ou faire sonner les sons bas pleins d'émotion du blues.
Sur cet enregistrement, son premier album avec ce groupe, il démontre aussi son agilité en tant qu'arrangeur, agençant chaque chanson comme un pastiche complexe de culture, philosophie et idiome musical, un carrefour dans son voyage musical à travers le monde.

"Avec la Kora il est possible de jouer toutes les musiques du monde", dit Balla. "Mon rêve c'est d'intégrer la Kora dans toutes mes expériences, ainsi que la culture du Mali dans les styles modernes". Personne d'autre n'utilise la kora dans autant de styles différents.
Il est une sorte de barde ou de troubadour. Pour Balla, la kora n'est pas seulement un instrument, c'est l'accompagnement spirituelle de ses pensées les plus profondes sur la religion, la politique et la culture.
Il joue tout ce qu'il entend. La kora est sa réponse à son entourage. C'est parti intégrante de son éloquence autant que sa voix et les paroles qu'il compose.

Tous ceci vient du fait qu'il a été éduqué dans la tradition griot, le barde / chanteur / conteur / médiateur traditionnel originaire du peuple mandingue d'Afrique de l'ouest. C'est un rôle qui se transmet dans chaque famille de griot de génération en génération ; il est au cœur de la relation qu'a Balla avec la musique et avec l'art en général.

Dans les temps anciens, le griot n'était pas seulement le musicien, barde, conteur ou historien oral de la cour, mais aussi un conciliateur officiel et le porte-parole du roi. Dénoté comme un "maître de l'éloquence", le griot peut intervenir à souhait dans les débats publics ; on attendait de lui que ses mots tombent comme du miel au milieu d'une discussion acerbe, calmant les conflits entre les factions politiques - en dehors des conflits, le griot apportait la paix. Il était considéré comme le bras droit, l'esprit et la bouche du roi : un mot du griot était considéré comme une autorité implicite. En tant que musicien, son habilité à la kora devait dépasser l'impact de ses mots. Le griot ne jouait pas uniquement pour divertir, mais aussi pour enseigner et redresser. La kora se place au cœur du rituel du griot.

Même si le rôle du griot a beaucoup évolué au cour des siècles, il reste le point central de la culture en Afrique de l'ouest. Balla Tounkara est né dans cette tradition et a grandi dans le village de Boudefo, dans la région montagneuse de Kita. Balla retrace sa propre généalogie jusqu'au grand roi Sundiata Keita et aux générations de griots qui ont affiné leur commerce dans cette douce vallée d'agriculture où, comme le dit Balla, les singes se baladent librement dans les jardins, les aigles volent haut dans le ciel.
Kita est aussi le centre le plus proéminent de la culture griot de tout le Mali et c'est là qu'a été initié Balla aux disciplines griot (entre autre) par son oncle, Djeli Madi Tounkara, un célèbre joueur de guitare électrique et pionnier des styles afro-cubain modernes. Son grand père, Batourou Sékou Kouyaté, reconnu comme étant l'un des plus grand joueur de kora de son temps ; sa mère, Miriam Kanouté, et sa grand-mère, Mah Diagansira, chanteuse très appréciée l'a inspiré dans l'élaboration de son (Balla) propre style de chanson traditionnel.

C'est avec cette formation, à la fois musicale et spirituelle, que Balla à prit le départ, un barde voyageur, pour amener son message musical au monde. "Je suis venu en Amérique" dit il, "et j'ai lutté pour créer ce nouveau son en entendant et en écoutant". il a déjà eu à faire des concerts avec les plus grands noms de la musique africaine tels que Salif Keita, Baba Maal, Baba Olotunje mais son inspiration semble venir de la vie quotidienne, des bruits de la rue, du melting pot de styles musicaux. Il trouve tout ici, de la musique dansante de Cuba ou du Brésil au jazz et au chanteur solitaire de blues qui sont dans les rues de Harvard Square. Ce disque n'est pas seulement une démonstration de finesse technique et de composition ; c'est une chronique musicale de l'aventure américaine du griot.

Nous entendons les sons de l'Afrique, mais aussi ceux de l'Amérique, la honte et la beauté de son histoire ; l'intensité de son appétit commercial et de ses vues urbaines tentaculaires. "Chaque air est une histoire de deux mondes, exprimé par l'éloquence inégalée du griot".

Catherine A. Salmons
Critique, au Boston Phoenix

MAJ 15/01/2004