Mory
Kanté - Artiste
"Mon destin de griot est de voyager"
Après
le retentissant succès de son "Yéké Yéké",
Mory Kanté a eu du mal se maintenir
dans ce rôle de méga star de la world music. Mais, il y
a deux ans (2001) il a fait un retour fracassant avec un tube aux sonorités
plus variées : "Tamala" ou le "Voyageur".
Un album qui scelle presque le destin de voyageur qu'il est avant tout.
C'est en
plein Empire Mandingue dans un petit village du sud de la Guinée,
Albadaria, près de Kissidougou, que naît Mory
Kanté le 24 février 1950. Son père, El Hadj
Djelifodé Kanté, est déjà un très
vieil homme à la naissance de Mory, qui compte parmi les plus
jeunes de ses 38 enfants. La famille Kanté est une célèbre
famille de griots, sortes de
poètes, chanteurs, historiens et journalistes à la fois.
En tout cas de véritables mémoires vivantes dont le rôle
est, depuis la nuit des temps, de conter en musique les épopées
sans fins des familles et des peuples. Les parents de Mory
sont tous les deux griots, fonction
héréditaire, et son grand-père maternel était
un puissant chef de griots à
la tête d'un puissant clan. Le destin de l'enfant est donc tout
naturellement de devenir un "jali",
terme mandingue pour "griot".
Elevé
d'abord par sa mère malienne Fatouma Kamissoko, Mory
va à l'école française. A 7 ans, sa famille l'envoie
à Bamako, capitale du Mali, chez sa tante, Mananba Kamissoko,
autre célèbre griotte.
Jusqu'à 15 ans environ, il est initié aux rituels traditionnels,
au chant et au balafon.
Il participe à de nombreuses fêtes familiales, à
des cérémonies officielles au cours desquelles il se forge
une expérience solide de musicien et de chanteur. Au cours des
années 60, la toute jeune République du Mali, reçoit
de nombreuses influences musicales : rumba zaïroise, salsa cubaine,
pop et rock anglo-saxons. Le jeune Mory
se passionne très vite pour ces nouvelles musiques électrifiées
et apprend la guitare. Fort d'une très riche expérience
traditionnelle, il se tourne vers une certaine modernité très
éloignée de son cadre familial. En 1968, il quitte l'école
pour intégrer l'Institut des Arts de Bamako. Mais dès
1969, il cesse sa formation et joue dans différents orchestres.
Il se forge une première notoriété en faisant danser
les Maliens des nuits entières dans des bals à ciel ouvert.
On était au temps des "Apollos"
!
En
1971, Mory a 21 ans. Il est repéré
par le saxophoniste Tidiane Koné
qui lui propose d'intégrer son groupe, le Rail
Band de Bamako, fameux orchestre de l'hôtel de la gare. Mory
accepte et prend place dans l'orchestre dont le chanteur n'était
autre que Salif Kéita.
Lorsque ce dernier quitte le groupe en 73, Mory
Kanté le remplace au chant. D'abord hésitant, il
prend très vite goût à ce nouveau rôle. La
formation tourne dans toute l'Afrique de l'Ouest où l'apprenti
devient un artiste connu. En 1976, il reçoit le Trophée
de la "Voix d'or" au Nigeria. Parallèlement, il apprend
la kora et transgresse
ainsi une certaine tradition qui veut que le balafon
soit l'instrument noble dans sa famille. Il devient cependant très
vite un virtuose de cette harpe à 21 cordes.
"Toute
ma démarche depuis le départ a été de tendre
vers la communication inter-culturelle et de positionner les instruments
africains dans l'arbre de la musique universelle. Cela a marché.
Maintenant tout le monde connaît le balafon
ou la kora, qui sont
parfois intégrés dans des groupes pratiquant une musique
de fusion. Aujourd'hui la musique traditionnelle africaine est reconnue
et appréciée dans le monde, alors pour moi, le but est
atteint", explique Mory. Il exerce
également ses talents de compositeur en écrivant des musiques
pour des chœurs et des ballets. Enfin, il enregistre avec le Rail
Band, une longue épopée dans la plus pure tradition
des griots, "L'Exil de Soundiata,
le fondateur de l'empire Mandingue".
En 1977, il entreprend à titre personnel une tournée des
grands sites historiques de l'empire au cours de laquelle il rencontre
de nombreux maîtres de la tradition afin de parfaire son rôle
de griot. En dépit des
variations modernes qu'il impose à la tradition musicale, Mory
Kanté ne mettra jamais de côté son hérédité
familiale.
En 1978,
Mory est installé à Abidjan en Côte d'Ivoire,
ville musicalement très active et où les moyens de travailler
et d'enregistrer sont surtout plus nombreux. Le musicien s'éloigne
alors du Rail Band. Il s'entoure
alors d'un nouvel ensemble de musiciens, dont Djeli
Moussa Diawara. Désormais, la kora
est au centre de son travail. De plus en plus, il songe à renouveler
la musique traditionnelle en y insufflant des sons et des rythmes occidentaux.
Le groupe est engagé par un des plus grands restaurants de la
ville qui recherche une façon un peu originale d'animer ses soirées.
L'occasion est excellente pour que Mory Kanté
se lance dans des mélanges musicaux encore inédits. Aux
airs traditionnels, il donne un habillage rock ou funk, et de la même
façon, il revisite les répertoires Africains-Américains
à la kora,
au djembé
ou au bolon (basse
africaine à trois cordes à laquelle Mory
en ajoute deux). Les bases d'un nouveau style sont jetées. Le
succès est immédiat, même si cette modernisation
de la musique traditionnelle n'est pas toujours appréciée
par son entourage et par les puristes. Il n'est pas rare de le voir
surnommer "l'enfant terrible" dans la presse de l'époque.
C'est à Los Angeles, sur le label du noir américain Gérard
Chess Ebony, que Mory Kanté
enregistre son premier disque en 1981, "Courougnègnè".
L'artiste affine ses heureux mélanges entre tradition et modernité,
entre instruments traditionnels et électriques.
Déjà très connu en Afrique de l'Ouest, Mory
devient une star sur tout le continent. Le pont musical qu'il crée
entre l'Afrique et l'occident est en général bien accueilli.
Suite à ce succès, il monte un grand ballet pour le centre
Culturel français d'Abidjan. Sur scène, la formation regroupe
75 artistes : une chorale, des musiciens et des danseurs. Durant les
années qui suivent, Mory se produit
régulièrement avec un orchestre de presque 20 personnes.
Mais, c'est en Europe que le Guinéen souhaite venir travailler.
Du
rêve à la réalité.
Ce désir devient réalité en 1984. Seul, sans son
épouse et ses enfants qui restent à Abidjan, Mory
Kanté arrive en France en plein hiver avec la ferme intention
d'aller plus loin encore dans ses expériences musicales et de
se faire connaître en Europe. En France, Mory
Kanté n'est pas une star et le démarrage n'est
pas facile. Cependant, la musique africaine explose en occident au cours
des années 80. C'est la naissance de la world music, mélange
des rythmes traditionnels du monde entier et des sons modernes, rock,
funk, jazz ou électroniques. Mory,
qui n'a pas attendu les années 80 pour se lancer dans ces mélanges,
s'impose vite sur le marché musical.
Dès 1984, sort un premier album "Mory
Kanté à Paris" produit par le producteur africain
Aboudou Lassissi. L'accueil critique et
public est bon et Mory Kanté se
fait connaître en quelques mois. Il multiplie les concerts dans
toute l'Europe, dont en Italie où il devient une grande vedette.
Artiste émigré et sans carte de séjour, il devient
une figure essentielle de la scène "World". Mutualité,
New Morning, Bercy, et autres scènes de prestigieux festivals
vont lui permettre de consolider ce succès. En 1985, Le camerounais
Manu Dibango prend l'initiative d'inviter
les artistes africains à enregistrer une chanson au profit des
éthiopiens, victimes de la famine qui sévit alors. Mory
Kanté fait naturellement partie du projet.
C'est en Italie, qu'il fait la connaissance du producteur américain
David Sancious, qui s'est illustré
en travaillant avec Bruce Springsteen.
Le mariage de leurs deux talents donne naissance à un troisième
album, "Ten Cola Nuts" qui sort en avril 1986 sur le label
français Barclay. Ces noix de cola représentent des offrandes
rituelles et des vœux de bonheur. La kora
est toujours au centre de l'album, mais les synthétiseurs et
les cuivres viennent enrichir l'ensemble. Le travail est très
soigné et salué par la presse comme une sublime réussite.
Les scores de ventes sont moyens mais cette fois, Mory
Kanté a réellement trouvé un équilibre
musical et culturel.
Juste après la mort de son père, à plus de cent
ans, le jeune griot guinéen entame
une très longue tournée avec un premier concert au Zénith
de Paris le 29 mai. En juin, il fait un passage en Côte d'Ivoire
et au Sénégal où il participe à un rassemblement
anti-apartheid organisé le 14 juin, sur l'île de Gorée,
l'île aux esclaves, au large de Dakar. S'ensuivent des tournées
en Europe, aux Etats-Unis et un peu partout dans le monde (Japon, Australie...).
Avec un groupe qui, à l'image de sa musique, profondément
métissé parce que composé de Maliens, Sénégalais,
Sud Africains, Français, Américains, Anglais, Suédois
qui partagent leurs cultures et leurs expériences.
Griot électrique
Celui qu'on surnomme désormais "le griot
électrique" atteint l'année suivante, en 1987, les
sommets du succès avec son nouvel album "Akwaba Beach".
Enregistré avec la collaboration du producteur anglais
Nick Patrick, sous l'œil bienveillant et complice du président
de Barclay, Philippe Constantin. Ce disque marque le triomphe du funk
mandingue grâce un titre particulier, "Yéké
Yéké" qui explose les hit-parades du monde entier.
A commencer par les Pays-Bas. Composé au début des années
80, le titre se trouvait déjà sur l'album "Mory
Kanté à Paris". Mais, non satisfait de cette
première version, il décide de le remixer. Jackpot ! Le
titre devient un succès exceptionnel sur lequel des publics du
monde entier vont danser. En quelques années, le 45 Tours atteint
des scores de vente chiffrés en millions d'exemplaires et fait
l'objet d'innombrables transformation, adaptations et reprises en hébreu,
arabe, chinois, hindi, portugais, anglais ou espagnol. Avec "Yéké
Yéké", Mory Kanté
devient l'artiste africain le plus vendu et peut-être le plus
connu à travers le monde. En juillet 88, le titre "Yéké
Yéké" atteint la première place du classement
pan-européen établi par le fameux hebdomadaire professionnel
américain, "Billboard". Juste après avoir reçu
un disque d'or en octobre 88 en France, Mory Kanté
est récompensé en novembre à Paris par la Victoire
de la Musique du meilleur album francophone.
En janvier 1990, il retrouve les studios à Bruxelles, puis à
Los Angeles, pour mettre au point son album "Touma" ("Le
moment").
Pour l'occasion, et fort de sa notoriété, il s'entoure
de grands noms dont le guitariste chicano-américain Carlos
Santana (très connu en Afrique) ou le Sud-africain, Ray
Phiri. La démarche est la même que pour "Akwaba
Beach" et développe un mélange subtil et sophistiqué
entre pop et tradition mandingue. L'album sort en septembre 1990. Souffrant
et bénéficiant à la fois du succès géant
de l'album précédent, les ventes ne dépassent guère
le disque d'or en France et atteint à peine le million à
l'étranger.
Le 14 juillet 1990, il représente la France avec Khaled
lors d'un concert géant à New York, dans Central Park,
devant des milliers de new-yorkais. En novembre, toujours à New
York, il participe au Gala de la francophonie dans le célèbre
Apollo Théâtre de Harlem qui a vu débuter son idole,
James Brown.
En ce début des années 90, Mory
Kanté songe sérieusement à revenir plus
souvent sur sa terre natale. Comme le noble malien Salif
Kéita, le griot guinéen
souhaite utiliser son nom et ses moyens financiers pour aider ses compatriotes,
et en particulier les plus jeunes. C'est ainsi qu'il projette de monter
à Conakry un complexe culturel du nom de Nongo Village comprenant
entre autres un studio, un centre de formation aux métiers du
spectacle, un hôtel et un musée des griots.
Dans un Mali en crise, le projet aura du mal à voir le jour.
D'autre part, il réalise un autre de ses nombreux projets, avec
la création d'un orchestre philharmonique d'une trentaine de
koras, et autant de harpes,
violons et flûtes. C'est avec cet Ensemble Traditionnel de Guinée
de 130 musiciens qu'il se produit en 1991 pour l'inauguration de la
Grande Arche de la Défense à Paris.
C'est chez lui en Guinée que la star de l'afro-dance enregistre
son nouvel album "Nongo Village" du nom de son studio. Parmi
les onze titres mixés à New York et à Paris, c'est
"La Tension" qui semble destiné à conquérir
les foules et à envahir les pistes de danse dans la même
lignée que "Yéké Yéké".
Dans ce disque, Mory Kanté réintègre
le balafon qui détrône
les guitares. Le premier extrait sort en septembre 93 suivi de l'album
à l'automne. L'accueil est moyen, et certains lui reprochent
de se perdre un peu dans une recette qui manque de renouvellement. Mais,
en 1994, Mory Kanté reçoit
le "Griot d'Or".
Après toutes ces années de succès, Mory
Kanté choisit de retrouver une musique plus familiale,
plus traditionnelle. Peut-être un peu las de son image de "griot
électrique", le Guinéen se tourne vers ses sources
et vers une pratique plus authentique de son art et de son métier.
La part des choses
En 1996, Mory Kanté sort un album
autoproduit. En effet, l'album "Tatebola" ("la part des
choses") se met à l'heure de la techno.
Les bases rythmiques de la techno ne sont peut-être pas si éloignées
des percussions ancestrales et les inspirations musicales de ce disque
se veulent proches des origines mandingues. L'artiste a autoproduit
ce dernier disque afin de conserver une certaine indépendance
de création. C'est en juin 2001 qu'il sort "Tamala"
(le Voyageur) après un long silence. Agé de 51 ans, le
musicien n'a pourtant cessé de tourner à travers le monde
mais sans guère d'escale française. Cette fois, on le
retrouve avec un album dans l'afro funk mandingue qui a fait son succès
il y a 15 ans. La part d'instruments traditionnels est importante et
donne une saveur plus douce et moins électronique à l'ensemble.
C'est l'Anglais Paul Borg qui produit le
disque sur lequel on trouve toujours de nombreuses influences, hip hop,
gitane ou soul via un duo avec la diva du rythm and blues britannique,
Shola Ama.
"Tamala résume ma vie car j'ai beaucoup voyagé.
Le griot voyage toujours. Qu'il se déplace
d'un village à l'autre, de sous-région en sous-région,
de pays en pays, c'est un communicateur, un informateur. Le mot "griot"
est la traduction en français du terme mandingue "jali",
qui signifie en fait "le sang" circulant dans notre corps
qu'il connaît donc parfaitement. Le jali est effectivement celui
qui connaît le mieux notre société mandingue. Il
en perpétue les réalités historiques, culturelles
et économiques", expliquait-il dans une interview accordée
à RFI. Pour lui, malgré les mutations socio-culturelles,
"les pays mandingues sont vraiment attachés à
leur culture et à leur civilisation et ont toujours accordé
une place privilégiée aux griots.
Aujourd'hui encore au Mali, les griots
sont consultés à l'Assemblée Nationale et en Guinée
également pour tout ce qui concerne les grandes décisions.
On sait que ce sont eux qui sauvegardent la mémoire du passé
et celle du présent. Ils ont également leur place dans
les grands mariages coutumiers. Ils ne sont pas des profiteurs comme
on l'a entendu dire parfois, leur but n'a jamais été de
s'enrichir sur le dos des gens".
De toute sa carrière, c'est apparemment le succès phénoménal
de Yéké Yéké qui l'a le plus marqué.
Il aime rappeler, "Yéké Yéké continue
à marcher encore aujourd'hui, ce qui évidemment me satisfait.
Leonardo di Caprio en a utilisé
un remix pour la bande originale de son film The Beach. Mais je n'ai
pas fait uniquement cela et Yéké Yéké n'illustre
que l'un des aspects de ma démarche qui est la valorisation des
instruments traditionnels. C'est cela mon vrai but et ce que je vise
encore à travers Tamala, mon nouvel album, en construisant un
pont entre la tradition, la musique authentique et le monde moderne".
King Moseto |
Mory
Kanté Artist
"My
destiny of griot is to travel"
After the
great success of "Yéké Yéké",
Mory Kanté had difficulties to maintain
in his role of super star of world music. But two years ago (2001),
he came back with a hit "Tamala" or the traveller. An album
that almost seals the destiny of the traveller he is.
Mory
Kanté
was born on February 24th, 1950 in the middle of the Mandingo Empire
in a small village of the south of Guinea called Albadaria; it’s
near Kissidougou. His father El Hadj Djelifodé Kanté is
already a very old man at the birth of Mory
who is one of the youngest of his 38 children. The Kanté family
is a famous family of griots,
kind of poets, singers, historians and journalist at the same time.
They are real alive memories which role is to recount the no ending
epics of the families and peoples. Mory‘s
father and mother are both griots (it’s
an hereditary function) and his maternal grand father was a powerful
griots’ chief leading a powerful
clan. So the destiny of the child is simply to become a “djeli”,
Mandingo word for “griot”.
Mory
first grew up near his Malian mother Fatouma Kamissoko then went to
French school. At 7 years old, his family sent him to Bamako, (capital
of Mali) where his aunt Mananba Kamissoko leaves, she, also, was a famous
griot. Up to 15 years old, he’s
taught the traditional rituals, how to sing and how to play
Balafon (African sort of xylophone). He takes part in many familial
feasts, in official ceremonial during which he got a strong experience
of singer and musician. During the sixties, the young republic of Mali
receives a lot of musical influences: Zairian rumba, Cuban salsa, Anglo-Saxons’
pop and rock. The young Mory quickly get
a passion for this new electrical music and learn how to play the guitar.
With his strong traditional experience, he goes toward certain modernity
very far from his familial surroundings. In 1968, he leaves school to
integrate the arts institute of Bamako. But in 1969, he stops his formation
and plays in different orchestras. He gets fame first through making
Malian dance for whole nights in open-air parties. It was the time of
the "Apollos".
In
1971, Mory is 21. He’s remarked by
the saxophone player Tidiane Koné
who proposed him to integrate his band the Rail
Band of Bamako, the famous orchestra of the “l'hôtel
de la gare”. Mory accepted and took
his place in the band where the singer was Salif
Kéita.
When this one left the band in 1973, Mory Kanté
replaced him at the singing. At first hesitating, he quickly gets pleasure
to play this role. The band makes tours in all the countries of West
Africa and the learning singer becomes rapidly a well-known artist.
In 1976, he receives the trophy of the "Voix d'or" (gold voice)
in Nigeria. At the same time, he learns how to play kora
and then breaks a kind of tradition that wants the Balafon
to be the noble instrument of his family. He quickly becomes a virtuoso
of this harp of 21 strings.
“My
step since the beginning is to go toward an inter-cultural communication
and to give a position to the African instruments in the universal tree
of music. It does work. Now every body knows the Balafon
and the Kora,
they are some times integrated in the band which plays fusion music.
Today the African traditional music is known and appreciated in the
world, to me, the goal is reached” said Mory.
He exercises his talent of composer by writing pieces of music for chorus
and ballets. He records with the Rail
Band a long epic in the tradition of the griots,
“the exile of Soundiata, the creator of the Mandingo Empire”.
In 1977, he undertakes, in a personal capacity, the tour of the great
historical sites of the empire during which he meets a lot of masers
of the tradition in order to perfect his role of griot.
Despite the modern variations he imposes to musical tradition, Mory
Kanté will never put aside his familial heredity.
In 1978,
Mory is installed in Abidjan in Ivory Coast;
it’s a town which is musically very active and where the means
to records are more numerous. The musician then move away from the Rail
Band. He then surrounds himself with new musicians among which Djeli
Moussa Diawara. From then on the Kora
is the centre of his work. More over, he dreams to renew the traditional
music by introducing occidental rhythms and sound in it. The band is
engaged by one of the biggest restaurant of the town which want to animate
more originally its nights. It’s a good occasion for Mory
Kante to experiment musical mixes never seen before. To the traditional
tunes, he gives a rock or funk dressing, by the same way; he revisits
the afro-American repertoires with the Kora,
with djembé
or with the bolon
(African bass with three strings to which Mory added two more strings).
The bases of a new style are here. The success is immediate even if
the modernisation of traditional music is not always appreciated by
his surrounding and the purist. It’s not rare to see the press
of the time calling him the “the terrible child”.
It’s
at Los Angeles; on the label of the afro-American Gerard
Chess Ebony that Mory Kante records
his first album in 1981, "Courougnègnè". The
artist refines his mixes of tradition and modernism, of traditional
and electrical instruments. Already very known in West Africa, Mory
become a star all over the continent. The bridge his created between
Africa and occident is generally good welcomed. Following this huge
success, he did a great ballet for the French cultural centre of Abidjan.
On the stage, people could see 75 artists: a chorus, musicians and dancers.
During the following years Mory make concerts regularly with an orchestra
of almost 20 musicians. But it’s in Europe that the musician wants
to work.
From
dream to reality
This desire becomes reality in 1984. Alone without his spouse and his
children who stay in Abidjan, Mory Kante
arrives in France, right in the middle of winter with the firm intention
to go father more in his musical experiments and to make himself know
in Europe. In France, Mory Kante is not
a star and the beginning is difficult. However, African music explodes
in Europe during the eighties. It’s the birth of world music,
mix of traditional rhythms of the world and modern sounds, funk, jazz
or electronic. Mory who didn’t wait the eighties to make such
mixes imposes himself rapidly on the musical market.
In 1984, a first album entitled "Mory Kanté
à Paris" (Mory Kante in Paris)
is released, produced by the African producer Aboudou
Lassissi. The welcoming of the critics and public is good and
Mory Kante becomes famous within a few
months. He makes a lot of concerts in Europe especially in Italy where
he becomes a super star. Emigrated artist without residence permit,
he becomes an essential figure of the scene "World". Mutualité,
New Morning, Bercy, and other festivals’ prestigious scenes will
permit him to consolidate this success. Manu Dibango
from Cameroon invites the African artists to record a song for the Ethiopians
who are starving at that period. Mory Kante
is of course in the project.
It’s
in Italy that he meets the American producer David
Sancious who became well-known when he was working with Bruce
Springsteen. The union of their two talents leads to the third
album "Ten Cola Nuts" which is released in April 1986 on the
French label Barclay. These cola nuts represent the ritual offering
and the wishes of happiness. The Kora
is always in the centre of the album, but the synthesizers and the brass
instruments come to enrich the ensemble. The work is perfect and qualified
of a sublime success by the press. The sale rates are medium but this
time, Mory Kante has found a musical and
cultural balance.
Just after
the death of his father at more than 100 years old, the young Guinean
griot begin a long tour with a first
concert at the Zénith of Paris on may 29th. In June, he passes
in Ivory Coast and in Senegal where he takes part in an anti-apartheid
manifestation organised on June 14th, on the island of Gorée,
island of the slaves off Dakar. Followed tours in Europe, united states
and almost every where in the world (Japan, Australia...).The band accompanying
him is like his music; very mixed because composed of Malian, Senegalese,
south-African, French, English, Sweden people who all share their culture
and experiences.
Electrical
griot
The one who is from then on nicknamed the “Electrical
griot” reaches in 1987 the top of the success with his new
album "Akwaba Beach"; recorded with the collaboration of the
English producer Nick Patrick and the director
of Barclay, Philippe Constantin. This album
marks the success of Mandingo funk especially thanks to the track "Yéké
Yéké" that explodes the hit-parades everywhere in
the world beginning by the Nederland. Composed in the eighties, the
track was already on the album "Mory Kanté
à Paris". But he wasn’t satisfied with this version
so he decided to remix it. Jackpot! The track becomes an exceptional
success on which people of everywhere in the world will dance. Within
a few a few years, more than a million exemplar of the single is sold
and the title is adapted and repeats in Hebraic, Arabic, Chinese, Hindi,
Portuguese, English or Spanish. With "Yéké Yéké",
Mory Kanté becomes the best African
artist seller of album in the world and maybe the more known. In 1988,
he track "Yéké Yéké" reaches the
top of the pan-European top established by the famous professional weekly
American "Billboard". Just after receiving a gold record in
France, Mory Kanté is rewarded in
Paris by the “la Victoire de la Musique” for the best francophone
album.
In
January 1990, he’s back in the studios in Brussels then in Los-Angeles
to record his album "Touma" ("the time"). For the
occasion and with his notoriety, he surrounds himself with celebrities
such as Carlos Santana, the Chicano American
guitar player very well known in Africa or the South African Ray
Phiri. The step is the same as for "Akwaba Beach" and
develops a subtle and sophisticated blend of pop and Mandingo tradition.
The album is released in September 1990. Suffering and benefiting from
the huge success of the preceding album, the sales don’t exceed
the golden record and hardly reaches the million in foreign countries.
On July 14th, 1990, he represents France with Khaled
in a giant concert in New York, in central park in front of millions
of new Yorkers. Still in New York he takes part in the gala of the francophony
in the famous Apollo Theatre of Harlem where his idol James
Brown began. At this time, Mory Kanté
dreams to come often to his natal land. As the noble Malian Salif
Kéita, the Guinean artist wants to use his financial means
to help his compatriots, especially the youngest. Thus, he planned to
build in Conakry a cultural complex called “Nongo Village”
where there would be a studio, formation centre for spectacles, a hotel
and a museum of the griots. He also
realised one other project which was to create a philharmonic orchestra
composed of about thirty Kora
and as much harps, violin and flute. With this Traditional
Guinean Ensemble of 130 musicians, he makes the inauguration
of the Arch of Defence in 1991 in Paris.
The afro-dance
records his new album “Nongo Village” called like his studio
in his country, in guinea. Among the tracks mixed in New York and Paris,
the track "La Tension" seems to be the one which will conquer
the dancing room like "Yéké Yéké”.
On this album, Mory Kanté returns
to Balafon
thus supplanting the guitars. The first extract is in the back in September
93 followed by the album at the autumn. It’s not goodly welcomed
and some reproach him to lose himself in recipe which needs renewal.
But in 1994, Mory Kanté receives
the “Golden Griot”.
After so much years of success, Mory Kanté
chooses to return to a more familial, traditional music. Maybe tired
of the nickname “Electrical griot”,
the Guinean turns toward a more authentic practice of his art and job.
Allowances
In 1996, Mory Kanté releases an
auto-produced album. This one, "Tatebola" (parts of things)
is made of techno. But the rhythmic bases of techno are not so far from
those of the ancestral drums and the musical inspirations of this disk
are close to Mandingo origins.
The artist auto-produced this album in order to keep some freedom in
creation .In June 2001 is released "Tamala" (the traveller)
after a long silence. At 51 years old, the artist is still making tours
without stopping in France. This time, it’s the same afro-funk
that made his success 15 years ago. The part of traditional instruments
is very big and gives a more soothing and less electronic savour to
the whole. Paul Borg (english) is the producer
of this album on which we can find hip hop, gypsy or soul through the
duet he made with the diva of the British rhythm and blues, Shola
Ama.
“Tamala
summarizes my life because I travelled a lot. The griot
always travels a lot from village to village, from region to region,
from country to country; it’s a communicator, an informer. The
word “griot” is
the translation in French of the Mandingo word “jail” which
means “blood”; as the blood floods everywhere in the body
that he knows very well. The jail is the one who knows very well our
Mandingo society and perpetuate the the historical, cultural and economical
realities” he explains in an interview with RFI. To him,
in spite of the socio-cultural mutations, “the Mandingo countries
are fond of their culture and civilisation and have always given an
important place to the griot.
Still today, griots are consulted in Mali and Guinea y the national
assembly for great decisions. We know that they are the memory which
conserves the past and present events. They also have their place in
the wedding. They are not profiteer as some say; their goal has never
be to enrich themselves on the others”.
It seems
that in his career, the success of "Yéké Yéké”
is the one that marked him the most. “Yéké Yéké
is still appreciated today (that pleases me a lot) because Leonardo
di Caprio used one of it remix for the original soundtrack of
his film The Beach. But I haven’t done only that and Yéké
Yéké is just an aspect of the steps I made in order to
valorise traditional instruments. It’s my real goal and Tamala
(my new album) has the same goal: build a bridge between tradition,
authentic music and modern world”.
King Moseto |