Mory Kanté

 

Mory Kanté - Artiste
"Mon destin de griot est de voyager"
Après le retentissant succès de son "Yéké Yéké", Mory Kanté a eu du mal se maintenir dans ce rôle de méga star de la world music. Mais, il y a deux ans (2001) il a fait un retour fracassant avec un tube aux sonorités plus variées : "Tamala" ou le "Voyageur". Un album qui scelle presque le destin de voyageur qu'il est avant tout.

C'est en plein Empire Mandingue dans un petit village du sud de la Guinée, Albadaria, près de Kissidougou, que naît Mory Kanté le 24 février 1950. Son père, El Hadj Djelifodé Kanté, est déjà un très vieil homme à la naissance de Mory, qui compte parmi les plus jeunes de ses 38 enfants. La famille Kanté est une célèbre famille de griots, sortes de poètes, chanteurs, historiens et journalistes à la fois. En tout cas de véritables mémoires vivantes dont le rôle est, depuis la nuit des temps, de conter en musique les épopées sans fins des familles et des peuples. Les parents de Mory sont tous les deux griots, fonction héréditaire, et son grand-père maternel était un puissant chef de griots à la tête d'un puissant clan. Le destin de l'enfant est donc tout naturellement de devenir un "jali", terme mandingue pour "griot".

Elevé d'abord par sa mère malienne Fatouma Kamissoko, Mory va à l'école française. A 7 ans, sa famille l'envoie à Bamako, capitale du Mali, chez sa tante, Mananba Kamissoko, autre célèbre griotte. Jusqu'à 15 ans environ, il est initié aux rituels traditionnels, au chant et au balafon. Il participe à de nombreuses fêtes familiales, à des cérémonies officielles au cours desquelles il se forge une expérience solide de musicien et de chanteur. Au cours des années 60, la toute jeune République du Mali, reçoit de nombreuses influences musicales : rumba zaïroise, salsa cubaine, pop et rock anglo-saxons. Le jeune Mory se passionne très vite pour ces nouvelles musiques électrifiées et apprend la guitare. Fort d'une très riche expérience traditionnelle, il se tourne vers une certaine modernité très éloignée de son cadre familial. En 1968, il quitte l'école pour intégrer l'Institut des Arts de Bamako. Mais dès 1969, il cesse sa formation et joue dans différents orchestres. Il se forge une première notoriété en faisant danser les Maliens des nuits entières dans des bals à ciel ouvert. On était au temps des "Apollos" !

En 1971, Mory a 21 ans. Il est repéré par le saxophoniste Tidiane Koné qui lui propose d'intégrer son groupe, le Rail Band de Bamako, fameux orchestre de l'hôtel de la gare. Mory accepte et prend place dans l'orchestre dont le chanteur n'était autre que Salif Kéita.
Lorsque ce dernier quitte le groupe en 73, Mory Kanté le remplace au chant. D'abord hésitant, il prend très vite goût à ce nouveau rôle. La formation tourne dans toute l'Afrique de l'Ouest où l'apprenti devient un artiste connu. En 1976, il reçoit le Trophée de la "Voix d'or" au Nigeria. Parallèlement, il apprend la kora et transgresse ainsi une certaine tradition qui veut que le balafon soit l'instrument noble dans sa famille. Il devient cependant très vite un virtuose de cette harpe à 21 cordes.

"Toute ma démarche depuis le départ a été de tendre vers la communication inter-culturelle et de positionner les instruments africains dans l'arbre de la musique universelle. Cela a marché. Maintenant tout le monde connaît le balafon ou la kora, qui sont parfois intégrés dans des groupes pratiquant une musique de fusion. Aujourd'hui la musique traditionnelle africaine est reconnue et appréciée dans le monde, alors pour moi, le but est atteint", explique Mory. Il exerce également ses talents de compositeur en écrivant des musiques pour des chœurs et des ballets. Enfin, il enregistre avec le Rail Band, une longue épopée dans la plus pure tradition des griots, "L'Exil de Soundiata, le fondateur de l'empire Mandingue".
En 1977, il entreprend à titre personnel une tournée des grands sites historiques de l'empire au cours de laquelle il rencontre de nombreux maîtres de la tradition afin de parfaire son rôle de griot. En dépit des variations modernes qu'il impose à la tradition musicale, Mory Kanté ne mettra jamais de côté son hérédité familiale.

En 1978, Mory est installé à Abidjan en Côte d'Ivoire, ville musicalement très active et où les moyens de travailler et d'enregistrer sont surtout plus nombreux. Le musicien s'éloigne alors du Rail Band. Il s'entoure alors d'un nouvel ensemble de musiciens, dont Djeli Moussa Diawara. Désormais, la kora est au centre de son travail. De plus en plus, il songe à renouveler la musique traditionnelle en y insufflant des sons et des rythmes occidentaux. Le groupe est engagé par un des plus grands restaurants de la ville qui recherche une façon un peu originale d'animer ses soirées. L'occasion est excellente pour que Mory Kanté se lance dans des mélanges musicaux encore inédits. Aux airs traditionnels, il donne un habillage rock ou funk, et de la même façon, il revisite les répertoires Africains-Américains à la kora, au djembé ou au bolon (basse africaine à trois cordes à laquelle Mory en ajoute deux). Les bases d'un nouveau style sont jetées. Le succès est immédiat, même si cette modernisation de la musique traditionnelle n'est pas toujours appréciée par son entourage et par les puristes. Il n'est pas rare de le voir surnommer "l'enfant terrible" dans la presse de l'époque.

C'est à Los Angeles, sur le label du noir américain Gérard Chess Ebony, que Mory Kanté enregistre son premier disque en 1981, "Courougnègnè". L'artiste affine ses heureux mélanges entre tradition et modernité, entre instruments traditionnels et électriques.
Déjà très connu en Afrique de l'Ouest, Mory devient une star sur tout le continent. Le pont musical qu'il crée entre l'Afrique et l'occident est en général bien accueilli. Suite à ce succès, il monte un grand ballet pour le centre Culturel français d'Abidjan. Sur scène, la formation regroupe 75 artistes : une chorale, des musiciens et des danseurs. Durant les années qui suivent, Mory se produit régulièrement avec un orchestre de presque 20 personnes. Mais, c'est en Europe que le Guinéen souhaite venir travailler.

Du rêve à la réalité.

Ce désir devient réalité en 1984. Seul, sans son épouse et ses enfants qui restent à Abidjan, Mory Kanté arrive en France en plein hiver avec la ferme intention d'aller plus loin encore dans ses expériences musicales et de se faire connaître en Europe. En France, Mory Kanté n'est pas une star et le démarrage n'est pas facile. Cependant, la musique africaine explose en occident au cours des années 80. C'est la naissance de la world music, mélange des rythmes traditionnels du monde entier et des sons modernes, rock, funk, jazz ou électroniques. Mory, qui n'a pas attendu les années 80 pour se lancer dans ces mélanges, s'impose vite sur le marché musical.
Dès 1984, sort un premier album "Mory Kanté à Paris" produit par le producteur africain Aboudou Lassissi. L'accueil critique et public est bon et Mory Kanté se fait connaître en quelques mois. Il multiplie les concerts dans toute l'Europe, dont en Italie où il devient une grande vedette. Artiste émigré et sans carte de séjour, il devient une figure essentielle de la scène "World". Mutualité, New Morning, Bercy, et autres scènes de prestigieux festivals vont lui permettre de consolider ce succès. En 1985, Le camerounais Manu Dibango prend l'initiative d'inviter les artistes africains à enregistrer une chanson au profit des éthiopiens, victimes de la famine qui sévit alors. Mory Kanté fait naturellement partie du projet.

C'est en Italie, qu'il fait la connaissance du producteur américain David Sancious, qui s'est illustré en travaillant avec Bruce Springsteen. Le mariage de leurs deux talents donne naissance à un troisième album, "Ten Cola Nuts" qui sort en avril 1986 sur le label français Barclay. Ces noix de cola représentent des offrandes rituelles et des vœux de bonheur. La kora est toujours au centre de l'album, mais les synthétiseurs et les cuivres viennent enrichir l'ensemble. Le travail est très soigné et salué par la presse comme une sublime réussite. Les scores de ventes sont moyens mais cette fois, Mory Kanté a réellement trouvé un équilibre musical et culturel.
Juste après la mort de son père, à plus de cent ans, le jeune griot guinéen entame une très longue tournée avec un premier concert au Zénith de Paris le 29 mai. En juin, il fait un passage en Côte d'Ivoire et au Sénégal où il participe à un rassemblement anti-apartheid organisé le 14 juin, sur l'île de Gorée, l'île aux esclaves, au large de Dakar. S'ensuivent des tournées en Europe, aux Etats-Unis et un peu partout dans le monde (Japon, Australie...). Avec un groupe qui, à l'image de sa musique, profondément métissé parce que composé de Maliens, Sénégalais, Sud Africains, Français, Américains, Anglais, Suédois qui partagent leurs cultures et leurs expériences.

Griot électrique
Celui qu'on surnomme désormais "le griot électrique" atteint l'année suivante, en 1987, les sommets du succès avec son nouvel album "Akwaba Beach". Enregistré avec la collaboration du producteur anglais Nick Patrick, sous l'œil bienveillant et complice du président de Barclay, Philippe Constantin. Ce disque marque le triomphe du funk mandingue grâce un titre particulier, "Yéké Yéké" qui explose les hit-parades du monde entier. A commencer par les Pays-Bas. Composé au début des années 80, le titre se trouvait déjà sur l'album "Mory Kanté à Paris". Mais, non satisfait de cette première version, il décide de le remixer. Jackpot ! Le titre devient un succès exceptionnel sur lequel des publics du monde entier vont danser. En quelques années, le 45 Tours atteint des scores de vente chiffrés en millions d'exemplaires et fait l'objet d'innombrables transformation, adaptations et reprises en hébreu, arabe, chinois, hindi, portugais, anglais ou espagnol. Avec "Yéké Yéké", Mory Kanté devient l'artiste africain le plus vendu et peut-être le plus connu à travers le monde. En juillet 88, le titre "Yéké Yéké" atteint la première place du classement pan-européen établi par le fameux hebdomadaire professionnel américain, "Billboard". Juste après avoir reçu un disque d'or en octobre 88 en France, Mory Kanté est récompensé en novembre à Paris par la Victoire de la Musique du meilleur album francophone.

En janvier 1990, il retrouve les studios à Bruxelles, puis à Los Angeles, pour mettre au point son album "Touma" ("Le moment").
Pour l'occasion, et fort de sa notoriété, il s'entoure de grands noms dont le guitariste chicano-américain Carlos Santana (très connu en Afrique) ou le Sud-africain, Ray Phiri. La démarche est la même que pour "Akwaba Beach" et développe un mélange subtil et sophistiqué entre pop et tradition mandingue. L'album sort en septembre 1990. Souffrant et bénéficiant à la fois du succès géant de l'album précédent, les ventes ne dépassent guère le disque d'or en France et atteint à peine le million à l'étranger.
Le 14 juillet 1990, il représente la France avec Khaled lors d'un concert géant à New York, dans Central Park, devant des milliers de new-yorkais. En novembre, toujours à New York, il participe au Gala de la francophonie dans le célèbre Apollo Théâtre de Harlem qui a vu débuter son idole, James Brown.

En ce début des années 90, Mory Kanté songe sérieusement à revenir plus souvent sur sa terre natale. Comme le noble malien Salif Kéita, le griot guinéen souhaite utiliser son nom et ses moyens financiers pour aider ses compatriotes, et en particulier les plus jeunes. C'est ainsi qu'il projette de monter à Conakry un complexe culturel du nom de Nongo Village comprenant entre autres un studio, un centre de formation aux métiers du spectacle, un hôtel et un musée des griots. Dans un Mali en crise, le projet aura du mal à voir le jour. D'autre part, il réalise un autre de ses nombreux projets, avec la création d'un orchestre philharmonique d'une trentaine de koras, et autant de harpes, violons et flûtes. C'est avec cet Ensemble Traditionnel de Guinée de 130 musiciens qu'il se produit en 1991 pour l'inauguration de la Grande Arche de la Défense à Paris.

C'est chez lui en Guinée que la star de l'afro-dance enregistre son nouvel album "Nongo Village" du nom de son studio. Parmi les onze titres mixés à New York et à Paris, c'est "La Tension" qui semble destiné à conquérir les foules et à envahir les pistes de danse dans la même lignée que "Yéké Yéké".
Dans ce disque, Mory Kanté réintègre le balafon qui détrône les guitares. Le premier extrait sort en septembre 93 suivi de l'album à l'automne. L'accueil est moyen, et certains lui reprochent de se perdre un peu dans une recette qui manque de renouvellement. Mais, en 1994, Mory Kanté reçoit le "Griot d'Or".

Après toutes ces années de succès, Mory Kanté choisit de retrouver une musique plus familiale, plus traditionnelle. Peut-être un peu las de son image de "griot électrique", le Guinéen se tourne vers ses sources et vers une pratique plus authentique de son art et de son métier.

La part des choses
En 1996, Mory Kanté sort un album autoproduit. En effet, l'album "Tatebola" ("la part des choses") se met à l'heure de la techno.
Les bases rythmiques de la techno ne sont peut-être pas si éloignées des percussions ancestrales et les inspirations musicales de ce disque se veulent proches des origines mandingues. L'artiste a autoproduit ce dernier disque afin de conserver une certaine indépendance de création. C'est en juin 2001 qu'il sort "Tamala" (le Voyageur) après un long silence. Agé de 51 ans, le musicien n'a pourtant cessé de tourner à travers le monde mais sans guère d'escale française. Cette fois, on le retrouve avec un album dans l'afro funk mandingue qui a fait son succès il y a 15 ans. La part d'instruments traditionnels est importante et donne une saveur plus douce et moins électronique à l'ensemble. C'est l'Anglais Paul Borg qui produit le disque sur lequel on trouve toujours de nombreuses influences, hip hop, gitane ou soul via un duo avec la diva du rythm and blues britannique, Shola Ama.

"Tamala résume ma vie car j'ai beaucoup voyagé. Le griot voyage toujours. Qu'il se déplace d'un village à l'autre, de sous-région en sous-région, de pays en pays, c'est un communicateur, un informateur. Le mot "griot" est la traduction en français du terme mandingue "jali", qui signifie en fait "le sang" circulant dans notre corps qu'il connaît donc parfaitement. Le jali est effectivement celui qui connaît le mieux notre société mandingue. Il en perpétue les réalités historiques, culturelles et économiques", expliquait-il dans une interview accordée à RFI. Pour lui, malgré les mutations socio-culturelles, "les pays mandingues sont vraiment attachés à leur culture et à leur civilisation et ont toujours accordé une place privilégiée aux griots. Aujourd'hui encore au Mali, les griots sont consultés à l'Assemblée Nationale et en Guinée également pour tout ce qui concerne les grandes décisions. On sait que ce sont eux qui sauvegardent la mémoire du passé et celle du présent. Ils ont également leur place dans les grands mariages coutumiers. Ils ne sont pas des profiteurs comme on l'a entendu dire parfois, leur but n'a jamais été de s'enrichir sur le dos des gens".

De toute sa carrière, c'est apparemment le succès phénoménal de Yéké Yéké qui l'a le plus marqué. Il aime rappeler, "Yéké Yéké continue à marcher encore aujourd'hui, ce qui évidemment me satisfait. Leonardo di Caprio en a utilisé un remix pour la bande originale de son film The Beach. Mais je n'ai pas fait uniquement cela et Yéké Yéké n'illustre que l'un des aspects de ma démarche qui est la valorisation des instruments traditionnels. C'est cela mon vrai but et ce que je vise encore à travers Tamala, mon nouvel album, en construisant un pont entre la tradition, la musique authentique et le monde moderne".
King Moseto

 

     
 

Mory Kanté Artist
"My destiny of griot is to travel"

After the great success of "Yéké Yéké", Mory Kanté had difficulties to maintain in his role of super star of world music. But two years ago (2001), he came back with a hit "Tamala" or the traveller. An album that almost seals the destiny of the traveller he is.

Mory Kanté was born on February 24th, 1950 in the middle of the Mandingo Empire in a small village of the south of Guinea called Albadaria; it’s near Kissidougou. His father El Hadj Djelifodé Kanté is already a very old man at the birth of Mory who is one of the youngest of his 38 children. The Kanté family is a famous family of griots, kind of poets, singers, historians and journalist at the same time. They are real alive memories which role is to recount the no ending epics of the families and peoples. Mory‘s father and mother are both griots (it’s an hereditary function) and his maternal grand father was a powerful griots’ chief leading a powerful clan. So the destiny of the child is simply to become a “djeli”, Mandingo word for “griot”.

Mory first grew up near his Malian mother Fatouma Kamissoko then went to French school. At 7 years old, his family sent him to Bamako, (capital of Mali) where his aunt Mananba Kamissoko leaves, she, also, was a famous griot. Up to 15 years old, he’s taught the traditional rituals, how to sing and how to play Balafon (African sort of xylophone). He takes part in many familial feasts, in official ceremonial during which he got a strong experience of singer and musician. During the sixties, the young republic of Mali receives a lot of musical influences: Zairian rumba, Cuban salsa, Anglo-Saxons’ pop and rock. The young Mory quickly get a passion for this new electrical music and learn how to play the guitar. With his strong traditional experience, he goes toward certain modernity very far from his familial surroundings. In 1968, he leaves school to integrate the arts institute of Bamako. But in 1969, he stops his formation and plays in different orchestras. He gets fame first through making Malian dance for whole nights in open-air parties. It was the time of the "Apollos".

In 1971, Mory is 21. He’s remarked by the saxophone player Tidiane Koné who proposed him to integrate his band the Rail Band of Bamako, the famous orchestra of the “l'hôtel de la gare”. Mory accepted and took his place in the band where the singer was Salif Kéita.
When this one left the band in 1973, Mory Kanté replaced him at the singing. At first hesitating, he quickly gets pleasure to play this role. The band makes tours in all the countries of West Africa and the learning singer becomes rapidly a well-known artist. In 1976, he receives the trophy of the "Voix d'or" (gold voice) in Nigeria. At the same time, he learns how to play kora and then breaks a kind of tradition that wants the Balafon to be the noble instrument of his family. He quickly becomes a virtuoso of this harp of 21 strings.

My step since the beginning is to go toward an inter-cultural communication and to give a position to the African instruments in the universal tree of music. It does work. Now every body knows the Balafon and the Kora, they are some times integrated in the band which plays fusion music. Today the African traditional music is known and appreciated in the world, to me, the goal is reached” said Mory. He exercises his talent of composer by writing pieces of music for chorus and ballets. He records with the Rail Band a long epic in the tradition of the griots, “the exile of Soundiata, the creator of the Mandingo Empire”. In 1977, he undertakes, in a personal capacity, the tour of the great historical sites of the empire during which he meets a lot of masers of the tradition in order to perfect his role of griot. Despite the modern variations he imposes to musical tradition, Mory Kanté will never put aside his familial heredity.

In 1978, Mory is installed in Abidjan in Ivory Coast; it’s a town which is musically very active and where the means to records are more numerous. The musician then move away from the Rail Band. He then surrounds himself with new musicians among which Djeli Moussa Diawara. From then on the Kora is the centre of his work. More over, he dreams to renew the traditional music by introducing occidental rhythms and sound in it. The band is engaged by one of the biggest restaurant of the town which want to animate more originally its nights. It’s a good occasion for Mory Kante to experiment musical mixes never seen before. To the traditional tunes, he gives a rock or funk dressing, by the same way; he revisits the afro-American repertoires with the Kora, with djembé or with the bolon (African bass with three strings to which Mory added two more strings). The bases of a new style are here. The success is immediate even if the modernisation of traditional music is not always appreciated by his surrounding and the purist. It’s not rare to see the press of the time calling him the “the terrible child”.

It’s at Los Angeles; on the label of the afro-American Gerard Chess Ebony that Mory Kante records his first album in 1981, "Courougnègnè". The artist refines his mixes of tradition and modernism, of traditional and electrical instruments. Already very known in West Africa, Mory become a star all over the continent. The bridge his created between Africa and occident is generally good welcomed. Following this huge success, he did a great ballet for the French cultural centre of Abidjan. On the stage, people could see 75 artists: a chorus, musicians and dancers. During the following years Mory make concerts regularly with an orchestra of almost 20 musicians. But it’s in Europe that the musician wants to work.

From dream to reality
This desire becomes reality in 1984. Alone without his spouse and his children who stay in Abidjan, Mory Kante arrives in France, right in the middle of winter with the firm intention to go father more in his musical experiments and to make himself know in Europe. In France, Mory Kante is not a star and the beginning is difficult. However, African music explodes in Europe during the eighties. It’s the birth of world music, mix of traditional rhythms of the world and modern sounds, funk, jazz or electronic. Mory who didn’t wait the eighties to make such mixes imposes himself rapidly on the musical market.

In 1984, a first album entitled "Mory Kanté à Paris" (Mory Kante in Paris) is released, produced by the African producer Aboudou Lassissi. The welcoming of the critics and public is good and Mory Kante becomes famous within a few months. He makes a lot of concerts in Europe especially in Italy where he becomes a super star. Emigrated artist without residence permit, he becomes an essential figure of the scene "World". Mutualité, New Morning, Bercy, and other festivals’ prestigious scenes will permit him to consolidate this success. Manu Dibango from Cameroon invites the African artists to record a song for the Ethiopians who are starving at that period. Mory Kante is of course in the project.

It’s in Italy that he meets the American producer David Sancious who became well-known when he was working with Bruce Springsteen. The union of their two talents leads to the third album "Ten Cola Nuts" which is released in April 1986 on the French label Barclay. These cola nuts represent the ritual offering and the wishes of happiness. The Kora is always in the centre of the album, but the synthesizers and the brass instruments come to enrich the ensemble. The work is perfect and qualified of a sublime success by the press. The sale rates are medium but this time, Mory Kante has found a musical and cultural balance.

Just after the death of his father at more than 100 years old, the young Guinean griot begin a long tour with a first concert at the Zénith of Paris on may 29th. In June, he passes in Ivory Coast and in Senegal where he takes part in an anti-apartheid manifestation organised on June 14th, on the island of Gorée, island of the slaves off Dakar. Followed tours in Europe, united states and almost every where in the world (Japan, Australia...).The band accompanying him is like his music; very mixed because composed of Malian, Senegalese, south-African, French, English, Sweden people who all share their culture and experiences.

Electrical griot
The one who is from then on nicknamed the “Electrical griot” reaches in 1987 the top of the success with his new album "Akwaba Beach"; recorded with the collaboration of the English producer Nick Patrick and the director of Barclay, Philippe Constantin. This album marks the success of Mandingo funk especially thanks to the track "Yéké Yéké" that explodes the hit-parades everywhere in the world beginning by the Nederland. Composed in the eighties, the track was already on the album "Mory Kanté à Paris". But he wasn’t satisfied with this version so he decided to remix it. Jackpot! The track becomes an exceptional success on which people of everywhere in the world will dance. Within a few a few years, more than a million exemplar of the single is sold and the title is adapted and repeats in Hebraic, Arabic, Chinese, Hindi, Portuguese, English or Spanish. With "Yéké Yéké", Mory Kanté becomes the best African artist seller of album in the world and maybe the more known. In 1988, he track "Yéké Yéké" reaches the top of the pan-European top established by the famous professional weekly American "Billboard". Just after receiving a gold record in France, Mory Kanté is rewarded in Paris by the “la Victoire de la Musique” for the best francophone album.

In January 1990, he’s back in the studios in Brussels then in Los-Angeles to record his album "Touma" ("the time"). For the occasion and with his notoriety, he surrounds himself with celebrities such as Carlos Santana, the Chicano American guitar player very well known in Africa or the South African Ray Phiri. The step is the same as for "Akwaba Beach" and develops a subtle and sophisticated blend of pop and Mandingo tradition. The album is released in September 1990. Suffering and benefiting from the huge success of the preceding album, the sales don’t exceed the golden record and hardly reaches the million in foreign countries.
On July 14th, 1990, he represents France with Khaled in a giant concert in New York, in central park in front of millions of new Yorkers. Still in New York he takes part in the gala of the francophony in the famous Apollo Theatre of Harlem where his idol James Brown began. At this time, Mory Kanté dreams to come often to his natal land. As the noble Malian Salif Kéita, the Guinean artist wants to use his financial means to help his compatriots, especially the youngest. Thus, he planned to build in Conakry a cultural complex called “Nongo Village” where there would be a studio, formation centre for spectacles, a hotel and a museum of the griots. He also realised one other project which was to create a philharmonic orchestra composed of about thirty Kora and as much harps, violin and flute. With this Traditional Guinean Ensemble of 130 musicians, he makes the inauguration of the Arch of Defence in 1991 in Paris.

The afro-dance records his new album “Nongo Village” called like his studio in his country, in guinea. Among the tracks mixed in New York and Paris, the track "La Tension" seems to be the one which will conquer the dancing room like "Yéké Yéké”. On this album, Mory Kanté returns to Balafon thus supplanting the guitars. The first extract is in the back in September 93 followed by the album at the autumn. It’s not goodly welcomed and some reproach him to lose himself in recipe which needs renewal. But in 1994, Mory Kanté receives the “Golden Griot”.
After so much years of success, Mory Kanté chooses to return to a more familial, traditional music. Maybe tired of the nickname “Electrical griot”, the Guinean turns toward a more authentic practice of his art and job.

Allowances
In 1996, Mory Kanté releases an auto-produced album. This one, "Tatebola" (parts of things) is made of techno. But the rhythmic bases of techno are not so far from those of the ancestral drums and the musical inspirations of this disk are close to Mandingo origins.
The artist auto-produced this album in order to keep some freedom in creation .In June 2001 is released "Tamala" (the traveller) after a long silence. At 51 years old, the artist is still making tours without stopping in France. This time, it’s the same afro-funk that made his success 15 years ago. The part of traditional instruments is very big and gives a more soothing and less electronic savour to the whole. Paul Borg (english) is the producer of this album on which we can find hip hop, gypsy or soul through the duet he made with the diva of the British rhythm and blues, Shola Ama.

Tamala summarizes my life because I travelled a lot. The griot always travels a lot from village to village, from region to region, from country to country; it’s a communicator, an informer. The word “griot” is the translation in French of the Mandingo word “jail” which means “blood”; as the blood floods everywhere in the body that he knows very well. The jail is the one who knows very well our Mandingo society and perpetuate the the historical, cultural and economical realities” he explains in an interview with RFI. To him, in spite of the socio-cultural mutations, “the Mandingo countries are fond of their culture and civilisation and have always given an important place to the griot. Still today, griots are consulted in Mali and Guinea y the national assembly for great decisions. We know that they are the memory which conserves the past and present events. They also have their place in the wedding. They are not profiteer as some say; their goal has never be to enrich themselves on the others”.

It seems that in his career, the success of "Yéké Yéké” is the one that marked him the most. “Yéké Yéké is still appreciated today (that pleases me a lot) because Leonardo di Caprio used one of it remix for the original soundtrack of his film The Beach. But I haven’t done only that and Yéké Yéké is just an aspect of the steps I made in order to valorise traditional instruments. It’s my real goal and Tamala (my new album) has the same goal: build a bridge between tradition, authentic music and modern world”.

King Moseto

 
 
P 04/03/2004