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Idrissa Soumaoro |
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Idrissa Soumaoro ? Connais, pas ! "Petit n'improudent provocateur" ? Ah. le chanteur de: "AncIen combattant" ! Voilà en fait le résultat d'une petite enquête que nous avons menée auprès de certains Bamakois. La chanson est connue. Très bien connue et appréciée parce que plein d'humour. Mais le, chanteur demeure un inconnu pour la majorité de ses fans. Et pourtant, "Ancien combattant" est l'un des meilleurs succès de la musique malienne de tous les temps. L'auteur, compositeur et interprète, Idrissa Soumaoro, n'a aucun complexe à reconnaître qu'il est "un villageois". Parce qu'il est né en 1949 à Ouéléssébougou. Un villageois est discret! C'est connu.
Le talentueux enfant de Ouéléssébougou a aujourd'hui plus d'une trentaine d'années d'expériance dans l'enseignement, dont 18 ans passés au service des enfants non voyants de l'Institut national des aveugles du Mali (INAM) devenu par la suite Institut des jeunes aveugles (IJA). Il a d'ailleurs dirigé cette structure de réinsertion socioprofessionnelle pendant deux ans (1994-96). Presque tous les jeunes artistes, non voyants, connus de nos jours ont bénéficié de son savoir et de sa générosité. A commencer par les plus célèbres: le couple Amadou et Mariam Bagayoko. L'administrateur des Arts et de la Culture est aujourd'hui Inspecteur général de musique à l'Inspection de I'enseignement secondaire. Plus de trente ans de dévouement et d'abnégation au service des autres et au détriment du succès artistique que son talent incontesté mettait à sa portée. Il faut être altruiste pour le faire. Une réussite, qui lui a certainement valu l'admiration du vieux instituteur politicien que Samanyana (Kangaba), Drissa Diakité, arraché à son affection il y a seulement quelques années suite à un accident de la circulation.
Le professeur émérite est d'avis que la musique malienne a beaucoup progressé. "Nous avons aujourd'hui beaucoup de vedettes qui se sont imposées dans le show biz international. L'avènement de la télévision, des radios privées, de la presse privée d'une manière générle, a eu un impact positif sur son évolution", explique M. Soumaoro. Doué chef d'orchestre, Idrissa Soumaoro a figuré dans le jury de plusieurs compétitions artistiques et culturelles comme les Biennales, les Découvertes des jeunes talents de la chanson malienne, Tabalen, Festival des élèves et étudiants du Mail (FES-TEL)... Une confiance et une reconnaissance amplement méritées par cet éducateur et formateur qui a sacrifié toute sa vie pour la réussite des autres. Une vraie anecdote La célèbre chanson de Idrissa Soumaoro, "Ancien combattant", n'est pas le fruit de la simple imagination. Elle est composée à partir d'une anecdote qui avait fait marrer le chansonnier/humoriste et son ami à l'époque. Il nous l'a racontée : "Ancien combattant est une vraie histoire. L'ancien combattant en question était le père de mon intime ami, Madou Sacko (actuellement Directeur d'école à Bamako). Notre "Grin" se réunissait chez lui. Un jour, lorsque nous prenions notre thé de l'après-midi, nous avons entendu son père crier si fort que nous avons tous tremblé. Nous sommes donc accourus pour voir ce qui lui arrivait. Il nous alors expliqué que c'est un garçon de la famille voisine qui était venu frapper sa soeur jusqu'à ses côtés. La fille était donc venue se confiée à notre père. Offensé par un tel manque de respect, il s'est alors mis à crier à vociférer et à injurier. Vous savez, lorsqu'un ancien combattant se fâche, il aime s'exprimer dans cette langue (le français petit nègre) qui est le symbole de la puissance et de la domination pour lui. Nous avons tellement ri ce jour que nous nous sommes finalement retirés dans la chambre pour ne pas faire les frais de sa colère... Cela a trouvé que j'avais l'accord d'un rythme. Il ne restait que de l'accompagner d'une chanson. Je me suis donc inspiré de la colère de l'ancien combattant pour composer ma chanson avec les "cochons, pracha, malabré...". Je l'ai améliorée au fil de notre causerie au "Grin", autour du thé. Je l'ai enregistrée à la Radio Mali en 1969. L'ancien combattant (paix à son ame) avait réellement un casque accroché dans sa case. Et il avait été traversé par une balle dans le sens du front à la nuque. Mais, à l'époque, les casques étaient si hauts que la balle n'a pas touché sa tête. On ne peut pas toutefois le contredire s'il dit qu'une balle lui a pénétré par le front et sortir par le "ton" (nuque)" Carrière
musicale. La surprise musicale de cette année 2003. sera sans doute la sortie du tout premier album de la longue et riche carrière musicale de ldrissa Soumaoro. Le "bébé" est baptisé "Kotè". Comme "Kotèba". En référence à ce traditionnel art satyrique qui a pour vertu de critiquer sans offenser. Mettant en scène les gens à travers leurs mauvais caractères et comportements ainsi que les dérives autoritaires des chefs, le kotèba vise avant tout à amener ceux qui s'y reconnaissent à prendre conscience de leurs défauts afin de s'améliorer socialement. C'est la même ambition qui a poussé Idrissa Soumaoro à entrer pour la première fois dans un studio digne de son nom pour enregistrer des chansons. ProduIt
par "Syllart Production," (Ibrahima Sylla dont la maison fête ses vingt
de production et de promotion musicale ayant beaucoup profité aux artistes
africains, singulièrement maliens). Kotè est un album de 14 titres fantastiques
et somptueux dont des reprises comme "Ancien Combattant", "Nbandew",
"Dougou1amini"... Cette première "vraie oeuvre", comme il aime à le
dire lui même, a été enregistrée au Studio "Bogolan"
de Mali K7 et mixée à Paris. Un opus qui a enregistré la participation
et la collaboration de Mamou
Sidibé et Ramata Diakité
(choeur), Boubacar Gakou "Babouya", Adama Coulibaly, etc. Comme on pouvait
le prévoir, Koté est très acoustique avec des influences de la musique
des chasseurs du Mali ("Dougoulamini", reprise d'un succès de Toumani
Koné, paix à son âme), jazz, blues ...
Le chansonnier / humoriste fait, dans Koté, assez de place à l'amour.
Le vrai, l'essence et la finalité de l'Eros. "Je chante pou Moussa Bolly / Article paru dans le journal Le Reflet N° 302 du 5 mars 2003 "Ramsès" (Sidi Soumaoro) du Tata Pound. Il s'illustre sur les traces de son père, dans un genre particulier, mais avec le même engagement. |
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03/03/2004 |