Toma Sidibé
 

 

Toma Sidibé
La passion du djembé

"La musique est ma principale source de motivation, ma ligne de conduite et mon moyen privilégié d'expression. Elle donne à ma vie toute sa signification". C'est ainsi qu'un jeune artiste français Toma Sidibé, Thomas Lambert de son vrai nom explique sa passion musicale. Né le 7 Novembre 1973 à Abidjan (Côte d'Ivoire), Toma c'est ainsi qu'il écrit son nom depuis sa tendre enfance a tutoyé la musique en apprenant la batterie. A seize ans il intègre le groupe "Les Picaros" dont la réputation dépasse rapidement sa région Amiens, (France). Multi instrumentiste (batterie, guitare. piano auxquels il faut désormais ajouter le djembé et le dun dun) l'adolescent est à la quête éternelle de sonorités nouvelles.

C'est ainsi qu'après avoir séjourné au Maroc, en Grèce aux Indes et au Népal, il arrive au Mali en 1990 où il tombe profondément amoureux du djembé. Ce qui n'est guère surprenant car il est percussionniste dans l'âme. Ne résistant pas à la séduction, Toma s'inscrit à l'école de Séga Sidibé, un virtuose de l'instrument originaire du Wassoulou. "J'ai appris le djembé auprès de Sega Sidibé qui est une référence nationale et internationale en la matière. Lors de mon apprentissage, tout le monde m'appelait Sega den (le fils à Sega). C'est pourquoi j'ai pris le nom Toma Sidibé". explique t il de sa belle voix limpide. Pour parfaire sa formation, qui nécessite plusieurs séjours au Mali, il s'inscrit au cours de langue et devient sociétaire de nombreux groupes en tant que "Djembé fola" (batteur) ou même lead vocal aussi bien à Bamako qu'à l'intérieur du pays. Il participe même à l'enregistrement de l'album 'Gueleya" du rastaman Aziz Wonder. Danseur, Toma participe également à de nombreux ballets et à de nombreuses fêtes traditionnelles. En France, il travaille comme animateur de jeunesse (formation à la percussion et chant dans sa ville de Saint Quentin, à 80 Km d'Amiens).
Le multiple va et vient entre a France et le Mali ne va pas tarder à porter des fruits.

"Taka ka Segin"
Le premier album de Toma Sidibé est sur le marché malien (il sortira bientôt en France voir dans toute l'Europe) depuis juin dernier.
Il est baptisé "Taka ka Segin". Cet album est le fruit de beaucoup d'aller-retour entre la France et le Mali. "C'est la somme de mes expériences maliennes et Françaises. II consacre le mariage entre les instruments traditionnels du Mali et les instruments modernes", souligne-t-il. Sur cette oeuvre (dix titres disponibles sur K7 et CD distribués par Mali K7 SA) djembé, dun-dun, balafon, tama, ngoni, karignan, etc. se marient agréablement avec batterie et guitare...

Cela donne une somptueuse mélodie qui navigue entre rap, ragga et groove. Un rythme agréable et très plaisant qui ne laissera certainement pas les mélomanes, surtout les jeunes indifférents.

Enregistré en 1999 au studio Bogolan de Mali K7 "Taka ka Segin" est entièrement financé 1,5 millions F CF A (2.287,00 €) sur fond propres grâce aux économies réalisée par Toma sur ses revenus d'animateur de jeunesse. "L'album s'adresse aux Maliens qui une fois à l'extérieur, oublient qu'il ont un pays ou des parents. Je les exhorte à revenir de temps en temps" explique l'artiste. L'oeuvre renferme beaucoup de messages sentimentaux (beauté, amour, nostalgie...) car dédiée à "Ceux à qui je tiens beaucoup". Quant au morceau "Malikadi", il est adressé aux Maliens que Toma admirent pour "leur joie de vivre, leur chaleur humaine, leur accueil, leur solidarité. Au Mali les gens sont très ouverts et ils ne vous regardent pas de travers. Ici j'ai partout l'impression d'être dans une Famille. L'image que les occidentaux gardent généralement de l'Afrique se base sur la faim et les guerres tribales alors qu'au Mali, il règne une grande cohésion entre les ethnies grâce surtout au Sinan kuya (cousinage)", Dans ce premier album, Toma critique l'esclavage et prend position en faveur des "sans- papiers." Je vis en France avec des Maliens, des Camerounais, des Algériens, des Malgaches, des Sénégalais... confrontés plutôt à un problèmes d'identité culturelle.
"L'immigration est un faux problème. Il est absurde voire irresponsable de lier le chômage et la violence a cela", défend ce célibataire pour qui l'amour et la musique se confondent.

La musique en Ambassade
Rappeur talentueux, Toma Sidibé se dit optimiste par rapport à l'avenir du mouvement hip hop malien. "Le rap malien est très jeune par rapport à celui de la France et des Etats Unis. Ici les groupes n'ont été que récemment formés. Mais je suis sûr que dans cinq ans ça va marcher car c'est un style qui plaît énormément aux Jeunes et aux opprimes qui s'y reconnaissent. Toutefois il serait sage que ces jeunes frappeurs trouvent un rythme authentique pour se démarquer de l'occident" conseil t' il. Quant à la musique malienne en générale, le djembéfola en distingue deux aspects. "Le premier visage se présente sous forme de notoriété internationale acquise par l'immense talent des Salif Kéita, AIi Farka Touré, Oumou Sangaré, Kar Kar, Rokia Traoré, Habib Koïté, etc.
Ceux-ci ont prouvé au monde entier que le Mali regorge d'énormes potentialités rythmiques. Dans ce pays les sonorités sont inépuisables. Les difficultés représentent l'autre aspect, Dans ce lot il y a les difficultés liées à la répétition, le manque d'instruments et de motivation. Cela décourage beaucoup de gens, sinon il y a plein de talents cachés ici, Au Mali les biennales représentaient un espace de création artistique musicale singulièrement. Elles ne sont plus organisés depuis plusieurs années. Il n'y a donc plus de compétition. Et sans challenge il n'y a pas de motivation et les gens sont découragés. Il est incohérent que les autorités maliennes ne soient pas encore consciente de l'importance de la culture alors que la seule vraie image positive que le Mali donne à l'extérieur est due il sa musique
", déplore l'artiste français qui maîtrise le bambara à merveille. Conscient que le Mali peut se développer grâce à une réelle industrie musicale, il affirme que tant que la piraterie n'est pas enrayée, ni l'Etat ni les artistes ne profiteront des immenses richesses artistiques et Culturelles.

Le nomade
Pour la promotion internationale de "Taka ka Segin", Toma Sidibé a constitué un groupe multi racial dans lequel figure beaucoup de jeunes Maliens. Nomade dans l'âme, il veut également parcourir la planète pour "étudier et travailler d'autres influences musicales
pour se perfectionner. Je veux évoluer tout en gardant mon originalité
" affirme l'animateur de jeunesse. Même s'il aime parcourir le monde. Toma n'exclu pas de s'installer au Mali pour réaliser certains projets. Avec ses amis de diverses nationalités il a crée l'association Falenso (maison d'échanges) qui ambitionne de réaliser à Bamako un espace culturel (salles de spectacles et de répétition, chambres, buvettes etc…). Mais d'après Toma Sidibé, le projet qui tient le plus à coeur c'est de "monter une troupe avec des enfants qui ont le talent et l'envi le faire mais qui sont handicapés par le manque de moyens", Une noble initiative qui une fois concrétisée permettra de sortir de l'ombre beaucoup de jeunes talents.

Moussa Bolly 31 juillet 2000

Mali Mélo
Sony Music

Toma Sidibé
The passion of the djembé

Music is my main source of motivation, my line of conduct and my favourite way of expression. She gives to my life its entire signification”. This is how a young French artist Toma Sidibé (Thomas Lambert is his real name) explains his passion for music. Toma (this is the way he use to write his name since his childhood) was born in Abidjan (Ivory Coast) on November 7th, 1973 and began music by playing drums.
At sixteen, he enters the band "Les Picaros" which fame quickly spread over his region Amiens, (France). He was able to play drums, guitar, piano and later djembé and dun dun. He has always been in search of new sounds.
So after a stay in Morocco, Greece, India and in Nepal, he arrived in Mali in 1990 were he felt in love with the djembé. It’s not surprising as he is a percussionist in soul. He then enrolled in the school of Sega Sidibé, a virtuoso of that instrument originating from Wassoulou. “I’ve learned how to play the djembé with Sega Sidibé who’s a national and international reference in the matter. During my study, people used to call me “Sega den” (Sega’s son). This why I took the name Toma Sidibé" he explains with his beautiful limpid voice.
To perfect his formation that needed several stays in Mali, he took language courses and enters several bands as "Djembé fola" (djembé player) or even as lead vocal in Bamako and else where in Mali. He even took part in the recording of the album “Gueleya" of the Rasta man Aziz Wonder. Toma also dance and he took part in several ballets and traditional feast. In France, he worked as a youth animator (formation for djembé and song in his town Saint Quentin, at 80 km from Amiens). The several comings and goings between France and Mali did not take long before being fructuous.

"Taka ka Segin"
The first album of Toma Sidibé is on sale in Mali (it will be soon released in France and maybe even in all Europe) since last June. It’s called "Taka ka Segin". This album is the result of several comings and goings between France and Mali. “It’s the sum of my Malian and French experiences. It consecrates the marriage of traditional instruments of Mali with moderns ones” he said. On this work (available on tapes and CDs distributed by Mali K7) djembé, dun-dun, Balafon, tama, n’goni, karignan, etc. nicely go with drums and guitar…
All this led to a very nice rhythm sailing between rap, raga and groove that please a lot music lovers and youth.

Recorded in 1999 at the studio Bogolan of Mali K7, "Taka ka Segin" was entirely financed on personal funds, on the savings Toma managed to do on his animator’s incomes. “The album is addressed to the Malians who forget their country and parents when they go abroad. I urge them to come back from time to time” said the artist. The work is full of sentimental messages (beauty, love, nostalgia…) because it is dedicated “to ones I love”. Concerning the track "Malikadi", it is addressed to the Malians because Toma admires them for their “joie de vivre, human warmth, welcome, solidarity. In Mali, people are much opened and don’t look askance in you. You always have the feeling to be in a family. In occident, the image of Africa is based on hunger and tribal wars but in Mali, there is peace between the ethnic groups because the “Sinan Kuya” (being cousins)”. In this first album, Toma criticises slavery and stands for the people who have no identity papers. I live in France with Malians, Cameroonians, Algerians, people coming from Madagascar, Senegalese… and they have most problems of cultural identities.
Immigration is not a problem. It’s absurd and irresponsible to link unemployment and violence to that” said the man for whom love and music are all the same.

Music in embassy
Talented rapper, Toma Sidibé is optimistic about the future of the Malian hip hop. “Malian rap is very young compared to the one of France or United States. Here the bands are newly formed but I’m sure that in five years, it will go on very well because it’s a style that please a lot youth and oppressed people. However, it would be better that these young rappers find new rhythm to distinguish themselves from occident.” This is his advice. Concerning the Malian music in general, Toma distinguishes two aspects. ”the first visage is the international notoriety acquired thanks to the huge talent of Salif Keïta, AIi Farka Touré, Oumou Sangaré, Kar Kar, Rokia Traoré, Habib Koité, etc…
These one have proven to the whole world that the Mali is full of rhythmical potentialities. In this country the sounds are inexhaustible. Difficulties are the second aspect: difficulties linked to repetitions, lack of instrument and of motivation. It discourages a lot of people; it’s a shame because there are a lot of talented people here. In Mali, the biennales represented an occasion of artistic creation but none have been organised for several years, so there is no competition. Without challenge, there is no motivation and people are discouraged. It’s incoherent that the Malian authorities are not aware of the importance of culture yet, and yet the only positive image of Mali abroad is due to culture.
” deplores the French artist who perfectly speaks the Bambara. Conscious of the fact that Mali can develop on a real musical industry, he affirms that as long as piracy won’t be checked, neither the state nor the artists will take advantages from the huge cultural and artistic richness.

The nomad
For the international promotion of "Taka ka Segin", Toma Sidibé constituted a multi racial band in which appears a lot of Malians. Traveller in the soul, he wants to go all over the planet to “study and work on other musical influences improve myself. I want to evolve without loosing my originality” said the animator. Even if he loves travelling, Toma do not exclude the possibility to install in Mali to realise some projects. With his friends of different nationalities, they have created an association called “Falenso” (house of exchanges) which ambition is to realise in Bamako a cultural space (hall for shows and repetitions, rooms, refreshment room, etc…). But, the most important project is “to form a band with children who have talent and the will to do something but have no means to do it”, noble initiative that will permit to lot of young talents to come out of the shadow.

Moussa Bolly - Les Echos N° 1527 of 30th July 2000

 
 
P 04/03/2004